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lundi 21 mai 2012

Lili bouquine : La salle de bain du Titanic de Véronique Ovaldé

Titre en VO : La salle de bains du Titanic
Editeurs : J’ai lu
Site de l’auteur :
/
Ma note : 5/10
Quatrième de couverture : Vienna aimerait vraiment redevenir toute petite fille.
Juste avant l’été de ses six ans. L’été où elle s’est perdue dans les dunes. Et où un homme l’a finalement ramenée à ses parents.
Elle voudrait revenir avant. Avant où les choses se sont gâtées. Et où le monde à changé sa révolution…

MON AVIS SUR LE LIVRE


Tout d’abord, j’aimerais remercier Livraddict, ainsi que les éditions J’ai lu pour m’avoir permis de découvre ce livre.

Véronique Ovaldé, que je ne connais que de réputation, nous propose ici trois nouvelles, trois histoires qui sont en faite des bribes de la vie tourmentée de son personnage : Vienna. J’avoue, comme beaucoup, avoir été intriguée par la quatrième de couverture. Vienna aimerait redevenir petite fille, revenir à l’été de ses six ans, ou du moins avant. Le fameux été qui a bousculé sa vie à jamais. Pourquoi ? Que s’est-il produit à ce moment là ? Que lui est-il arrivé ? À l’heure qu’il est je ne peux toujours pas vous répondre car c’est là tout l’enjeu de ce recueil. Tout est suggéré, cette histoire repose entièrement sur les non-dits et l’insinuation. Et c’est d’ailleurs justement choisi car Vienna incarne une victime – victime de quoi ? Là aussi, on ne peut qu’essayer de le deviner, de lire entre les lignes, impossible d’affirmer quoi que ce soit – qui se tait. Elle garde son malheur pour elle, cache ce qu’il lui est arrivé l’été de ses six ans, et par son style, Véronique parvint à transmettre ce douloureux silence.

En évoquant le style de l’auteure, voilà deux, trois choses que j’aimerais dire. Certes, Véronique Ovaldé est douée dans son genre, je dois bien le reconnaître. Sa plume est exactement comme son personnage : torturée. Il s’en dégage une certaine poésie, c’est indéniable mais les mots sont comme écorchés vifs, ils font presque mal, ils dérangent et pour ma part, je n’ai pas trouvé beaucoup de plaisir à les lire. Je dirais que ce recueil est comme du bon vin, on ne l’apprécie qu’après l’avoir avalé. Néanmoins je reste très mitigée.

Notamment à propos de la première nouvelle, Tous ceux qui n’ont pas de nombril sont des martiens, que j’aurais plutôt appelé « La nouvelle sans queue ni tête » pour ma part, on serait au moins restés dans le thème aquatique déjà très présent dans le livre. Je me moque, mais ce n’est pas là où je souhaite en venir. J’ai trouvé cette ouverture très brouillonne, un peu fouillis. Des mots, des phrases, jetés sur une feuille blanche et qui tentent vainement de former un ensemble cohérent. Cette nouvelle traite de cet été qui a changé à jamais la vie de Vienna, et si ce choix stylistique peut s’expliquer par le tourment du personnage, le résultat ne m’a pas séduite. J’ai eu énormément de mal à remettre les choses dans le bon ordre et à comprendre où l’auteure cherchait à m’emmener. On a la sensation que l’auteure nous livre ses pensées sans filtre, elles sont brutes et parfois tranchantes. Elles mettent mal à l’aise. Ajoutez à cela l’atmosphère générale du recueil, assez glauque, noir, néfaste, comprenez que cette lecture est assez lourde.

Cependant, il y a une des trois nouvelles, la dernière, intitulée La salle de bains du Titanic et qui donne justement son nom au recueil, où ces éléments ne m’ont pas dérangés. Au contraire, ils profitent à cette ultime petite histoire. Ils créent un climat très approprié, d’effroi et d’angoisse. Le lecteur anticipe forcément ce qu’il va se produire sous ses yeux, et en temps que spectateur, il ne peut agir, tout en comprenant très clairement de quoi il va en retourner. On assiste, sans pouvoir faire quoi que ce soit, au naufrage de cette pauvre Vienna.

J’utilise le terme de naufrage en référence au titre La salle de bains du Titanic, bien sûr. C’est une métaphore que nous propose ici Véronique Ovaldé, elle nous rend témoins de la descente aux abysses de son personnage et sa dernière nouvelle est comme la dernière pression sur la tête, cette main ferme qui nous maintient la figure dans l’eau jusqu’à ce que l’on se noie finalement. C’est effrayant, vraiment. En dehors du titre, on retrouve un thème aquatique très présent dans ce recueil. La couverture, déjà, peut nous mettre sur la voie, on y retrouve des vagues en fond. Une déferlante qui s’intensifie pour devenir gigantesque, comme un tsunami monstrueux qui viendrait tout rafler sur son passage. Le tsunami dans cette histoire, c’est ce fameux été. « L’été où », qui vient ravager l’existence de cette petite fille de six ans. Chaque nouvelle vient alimenter cette vague destructrice, pour nous exploser au visage dans la dernière.

Je ne nie pas les qualités de ce texte, je vous en ai d’ailleurs exposé plusieurs, néanmoins, comme je l’ai dit, je n’ai pas passé un agréable moment à la lecture, ce qui me rend si mitigée.

ON ADORE : L’angoisse que génère la troisième nouvelle.
ON REGRETTE : La plume un peu écorchée de l’auteure, l’univers trop glauque et dérangeant.


mardi 15 mai 2012

Lili bouquine : Rani de Jean Van Hamme

Titre en VO : Rani
Editeurs : Michel Lafon
Site de l’auteur :
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Ma note : 5/10
Quatrième de couverture : 1743. Amoureuse d’un bel officier anglais, une jeune noble française, Jolanne de Valcourt, abominablement trahie par son demi-frère Philippe, est accusée à tort de meurtre et de trahison. Après avoir été marquée au fer rouge de la fleur de lys, elle est condamnée à la déportation en Inde. Prostituée de force dans un bordel du comptoir de Mahé, Jolanne parvient néanmoins à s’évader. Elle manque de périr dans un naufrage mais est recueillie dans un village de pauvres pêcheurs indiens. Elle atteint finalement Pondichéry où elle se met sous la protection de la « princesse » Jeanne, la très charismatique épouse de Joseph-François Dupleix, gouverneur des cinq comptoirs français. Jusqu’au jour où Jolanne rencontre le séduisant Mishra Din Aktar, prince héritier et futur maharadjah de Chandrapur, qui fera d’elle sa troisième rani, sa troisième épouse... Au sein de ce palais doré, la jeune femme parviendra-t-elle à trouver sa place ? À surmonter la jalousie des autres épouses et, surtout, à oublier Craig, son bel officier anglais ?

MON AVIS SUR LE LIVRE


Jean Van Hamme, scénariste (BD et film), connu pour ses succès Largo Winch, XIII, Blake et Mortimer ou encore Thorgal, nous offre ici l’histoire de Rani, préalablement destinée à la télévision (série en huit épisodes diffusée sur France 2) puis adaptée en BD (les 2 premiers tomes sont déjà parus aux Editions Le Lombard) ainsi qu’en roman. C’est du roman dont je vais vous parler aujourd’hui. Une œuvre de 439 pages qui rentrasse le parcours époustouflant de la jeune Jolanne de Valcourt en quête de justice. La jeune française, fille morganatique d’un Marquis périgourdin, est abominablement trahie par son demi-frère, Philippe, et accusée des crimes qu’il a lui même commis.

Jolanne de Valcourt est une jeune femme passionnée, tant sur le plan physique qu’intellectuel. Elle déborde de vitalité et n’a jamais froid aux yeux. C’est une figure forte, elle se détache sur un fond social strict qui voulait que les femmes demeurent soumises aux hommes. Jolanne, elle, est une femme libre et revendique fougueusement ce statut tout au long de son aventure. Qu’elle soit enrôlée dans une troupe de brigands, ou bien prostituée dans une maison de plaisir à Mahé, ou encore rani de Sandrapur, la jeune française garde sa force de caractère et son désir de liberté. C’est une battante, car elle n’aura de cesse que lorsqu’elle sera parvenue à prouver aux puissants qui la condamnent l’injustice dont elle est victime. Jolanne sait aussi se battre à l’épée, elle manie également l’arc avec beaucoup de finesse et monte à cheval comme un homme. En clair, une héroïne haute en couleurs comme on les aime.

Une aventure assez rythmée, et riche en rebondissements que nous sert là Jean Van Hamme. Les éléments s’enchaînent très rapidement, on pourrait d’ailleurs qualifier ce livre de page turner, un livre dont les pages se tournent presque d’elles-mêmes. Sur ce point là, il n’y a rien à redire, si ce n’est que certaines péripéties peuvent parfois nous paraître invraisemblables, mais comme le dit Van Hamme lui-même, cela fait partie de la fiction. Cela ajoute une part de rêve au récit, dans la mesure du raisonnable, bien sûr.

L’invraisemblance ne s’arrête d’ailleurs pas là, car Van Hamme choisit aussi de truffer ses méchants des pires défauts qu’on puisse imaginer, il pousse leurs personnages jusqu’au bout, ainsi ils sont exécrables au possible. Notamment Philippe de Valcourt qui n’a vraiment rien pour lui. Il est vaniteux, cupide, mauvais, malhonnête, menteur, perfide, méprisant, raciste, misogyne, violent…en clair tout ce qui fait un méchant digne de ce nom. Il n’y a aucune demi-mesure. Tout est noir ou tout est blanc, il n’y a pas d’entre deux chez Van Hamme. Et ce procédé peut être à double tranchant, car d’un côté, il nous rallie à la cause de Jolanne, son héroïne, on déteste avec elle son abominable demi-frère, et de l’autre, il tombe rapidement dans la caricature. Ici, malheureusement, s’il parvient à créer chez le lecteur une certaine animosité envers Philippe, il n’échappe cependant pas aux clichés. Dommage.

D’autant que le style qu’il emploie ici, étant beaucoup trop plat et dénué de la moindre émotion, nous empêche de créer de l’intimité avec son héroïne. Ainsi, son contraste entre Jolanne et son frère Philippe n’a pas l’effet escompté. La froideur de l’écriture de Van Hamme s’explique par le fait qu’il s’agisse ici de la retranscription d’un script au départ prévu pour la télévision, les dialogues sont repris mot pour mot et l’auteur ne s’attarde pas en longues descriptions, ce qui manque un peu parfois. De plus, et c’est voulu, la plume du scénariste est trop moderne pour l’époque, et pas seulement dans les dialogues. On ne se sent pas vraiment au XVIIIeme siècle, sans rendre pour autant les dialogues pompeux et utiliser l’imparfait du subjonctif, Van Hamme aurait pu un minimum adapter sa plume à l’époque de Rani, ne serait-ce que dans le récit du moins. Cela ôte, à mon sens, tout le charme de l’histoire.

Enfin, je m’interroge sur le choix du titre : Rani. Une rani est l’épouse d’un maharaja, et si, effectivement, Jolanne devient à un moment donné une rani dans cette histoire, ce n’est absolument pas le sujet de base du roman. C’est d’avantage le combat d’une femme, injustement accusée par son pays d’être une traître, doublée d’une meurtrière, plutôt que le destin d’une femme de maharaja. Une question qui, visiblement, demeurera sans réponse.

En clair, c’est un roman détente, sans prise de tête, mais qui manque cruellement de contenu, car en dehors des multiples rebondissements, des coups d’épée et autres pirouettes, l’auteur ne laisse pas passer beaucoup d’émotion dans son écriture et c’est bien dommage. Je conseille davantage la série télévisée, ou la BD, peut-être, plutôt que le livre, même si, toutefois, j’ai passé un bon moment avec ce roman.

ON ADORE : L’aventure de Jolanne et le rêve qu’elle engendre.
ON REGRETTE : La plume un peu froide de l’auteur, un manque de vraisemblance, une caricature, parfois trop poussée, des personnages.


samedi 12 mai 2012

Lili bouquine : Un Jour de David Nicholls

Titre en VO : One day
Editeurs : 10/18, initialement chez Belfond
Site de l’auteur :
http://www.davidnichollswriter.com/home
Ma note : 10/10
Quatrième de couverture : 15 juillet 1988. Emma et Dexter se rencontrent pour la première fois. Tout les oppose, pourtant ce jour marque le début d'une relation hors du commun. Pendant vingt ans, chaque année, ils vont se croiser, se séparer et s'attendre, dans les remous étourdissants de leur existence. Un conte des temps modernes ou la splendeur d'aimer a fait chavirer le monde entier.

MON AVIS SUR LE LIVRE


Un jour…j’ai entendu parler de ce livre sur le blog de Chez Jess Livraddict. Un jour…je me suis arrêtée en librairie pour y lire sa quatrième de couverture. Un jour…j’ai craqué, et il a rejoint ma PAL. Un jour…il a commencé à me faire sacrément de l’œil, là poser dans ma bibliothèque. Un jour…je me suis enfin décidée à le lire. Un jour…je n’ai plus été capable de lâcher ses pages des yeux. Un jour…il m’a fait rire, pleurer, rêver, fantasmer. Un jour…j’ai refermé ce livre avec cette drôle d’impression que me hantait. Sans pouvoir les expliquer, Un Jour de David Nicholl a fait naitre des sentiments contradictoires en moi. Heureux, mais tristes à la fois. C’est un livre merveilleux, bourré d’humour, un livre pour lequel on verse des larmes de joies autant que de tristesse, un récit de vie à part entière avec les bonnes situations, comme les mauvaises. Un roman qui fait réfléchir, grandir aussi peut-être.

Un Jour C’est l’histoire de deux personnages : Dexter et Emma, qui se rencontre à 22 ans, le 17 Juillet 1988, alors qu’ils viennent d’obtenir leur diplôme. Ils passent la nuit à refaire le monde, à échanger leurs idéaux et à imaginer leur avenir mutuel. C’est à ce moment là que le lien se tisse entre eux et qui, d’année en année, se solidifie. Malgré les aléas qui menacent de le déchirer à plusieurs reprises, ce lien perdure, et sera toujours là entre eux, comme une évidence. Le nez au milieu de la figure qu’ils tarderont à remarquer l’un, l’autre, mais dont ils ne pourront plus se détacher, une fois que leur attention se sera concentrer dessus. Durant 20 ans, ils se sont rapprochés, éloignés, déchirés, aimés…Ce sont des âmes sœurs. À eux maintenant, de s’en rendre compte.

Ces personnages, que l’on suit intimement tout du long, sont la grande force du roman. Antihéros au possible, ils parviennent tout de même à percer notre cœur et à s’y faire une petite place. On s’attache à eux, indéniablement, prenant en compte leurs qualités comme leurs défauts. David Nicholls, tout en utilisant un récit à la 3eme personne, est parvenu à créer un lien entre ses personnages et le lecteur, et c’est sur ce point là que je lui tire mon chapeau. Chaque évènement de leur vie respective nous touche, car, bien que n’étant que simple témoin, on vit tout cela au plus proche de la scène. On est absorbés dans le roman, presque littéralement, et tout ce qui arrive à nos deux héros nous affecte obligatoirement. De plus, ces personnages, comme je l’ai dit plus haut, sont loin d’être parfaits, tout comme nous au fond. Aucun être humain n’est parfait, il est au contraire truffé de défaut, ainsi, on se reconnaît facilement dans l’un des deux protagonistes, voire même dans les deux.
Dexter, fils à papa, arrogant en toutes circonstances, débordant de confiance en lui, nombriliste, extravagant, se vautrant jusqu’au cou dans la démesure et la débauche, peut nous paraître comme le plus détestable des deux si l’on ne regarde que la carapace qu’il se forme. Pour ma part, c’est celui qui m’a le plus touchée, car on voit bien qu’il n’est pas si confiant qu’il ne le laisse voir. Il mise tout sur l’apparence pour masquer une certaine souffrance, et c’est en cela que j’ai beaucoup aimé son personnage. D’autant que son amitié avec Emma le bonifie, à son contacte, il devient honnête, vrai et j’aime ce Dexter là. Même s’il peut se montrer exécrable, et le mot est faible, par certains moments.
Emma, quant à elle, est quelqu’un de beaucoup plus réservé que Dexter. Elle garde bien enfoui en elle tout ce qu’elle pense, tout ce qu’elle désire et s’enferme elle-même et se laisse ainsi entrainer dans un cercle vicieux. Elle a des rêves plein la tête, elle souhaite notamment devenir écrivain et changer le monde par le biais de la littérature, c’est une personne très créative ou du moins qui pourrait l’être si elle osait se lancer. Emma m’apparaît comme une fleur qui mettrait énormément de temps à éclore, mais qui, une fois tous ses pétales déployés, est simplement somptueuse.
Ils ont des caractères littéralement opposés mais ils se complètent magnifiquement. Ils incarnent deux personnages nés pour se trouver, ils sont comme les deux faces d’une même pièce et ne sont heureux que lorsqu’ils sont ensembles. Un Jour est une formidable histoire, profondément humaine, un formidable témoignage d’amitié, une déclaration d’amour. Presque un poème, une ode à la vie.

J’ai beaucoup aimé également la manière dont David Nicholls a choisi de nous exposer son histoire : il a déterminé un jour, le 15 Juillet, et nous a raconté l’histoire de ses personnages en se référant à ce 15 Juillet de chaque année. Tous les ans, à cette date, le lecteur retrouve Dex et Em, Em et Dex (référence à une appellation récurrente dans le livre ;)) et observe ce qu’il est advenu d’eux. Ce procédé nécessite forcément des ellipses, et certains éléments importants sont parfois passés sous silence, néanmoins cela ne gène en rien la compréhension du récit, et d’autre part, cela lui donne bien plus de vraisemblance. En effet, tous les évènements importants de leur vie ne peuvent pas tous avoir lieu un 15 Juillet, ce serait insensé ! Autrement dit, David Nicholls a su bien mener sa barque, et possède un talent indéniable pour les histoires d’amour. On en redemande !

ON ADORE : Les 15 Juillet ! Dex et Em, leur relation.
ON REGRETTE : Quelque chose que je ne peux malheureusement pas vous dévoiler sans gâcher votre lecture…


mardi 8 mai 2012

Lili bouquine : Francesca empoisonneuse à la cour de Borgia, de Sara Poole

Titre en VO : Posion : a novel of the Renaissance
Editeurs : MA Editions
Site du livre/de l’auteur :http://www.sarapoole.com/blog1/
Ma note : 10/10
Quatrième de couverture : Rome, été 1492. Dans les entrailles de la ville éternelle, le mal s’est réveillé. Le meurtre brutal d’un alchimiste va déclencher une course désespérée pour mettre au jour un complot visant à éteindre la lumière de la Renaissance pour replonger l’Europe entière dans les ténèbres moyenâgeuses. Déterminée à venger l’assassinat de son père, Francesca Giordano défie toutes les convenances en s’octroyant la charge d’empoisonneuse au service de Rodrigo Borgia, l’homme à la tête de la plus célèbre et la plus dangereuse famille d’Italie. Elle devient la confidente de Lucrèce Borgia et l’amante de César Borgia. En démêlant l’écheveau de la traîtrise et de la duperie, Francesca se lance à la poursuite du meurtrier de son père, allant des tréfonds du ghetto juif de Rome au sommet de la chrétienté elle-même, le Vatican. Sans le savoir, elle va ainsi provoquer l’ultime confrontation entre des forces immémoriales prêtes à utiliser ses désirs les plus enfouis pour accomplir leurs noirs desseins.

MON AVIS SUR LE LIVRE



Depuis Décembre 2011, ce livre flirte avec moi à chaque fois que je passe devant une librairie et je me suis enfin décidée à l’acheter, puis à le lire ! Et sachez que je ne suis pas déçue ! Quelle histoire, mes amis, mais quelle histoire ! Un véritable tourbillon dans lequel on se laisse entrainer avec délectation. Un univers bien fourni, sublimé par la plume délicate et savoureuse de Sara Poole. Une perle venue directement de la Renaissance !

Le contexte historique, ici, est superbement exploité, et c’est d’ailleurs l’un des gros points forts de ce livre. Sara Poole a su se documenter correctement et cela se ressent à travers les pages de son livre. C’est vraiment très agréable d’apprendre tout en lisant, car je peux vous assurer qu’avec Francesca empoisonneuse à la cour de Borgia vous approfondirez vos connaissances sur l’époque de la Renaissance, et ce à chacun des chapitres que vous propose Sara. Que ce soit à propos d’événements historiques, des uses et coutumes des gens de l’époque, de la mode vestimentaire, des relations homme/femme, de la médecine, du fonctionnement de l’Eglise – mode de vie des cardinaux, les libertés qu’ils prenaient, l’élection d’un pape etc. –, de l’architecture – notamment avec la chapelle Sixtine, tout juste construite à l’époque du roman, ou bien la basilique Saint Pierre, la première, avant la démolition et la reconstruction de celle qu’on connaît aujourd’hui – et d’autres éléments divers, Sara Poole nous fait nous sentir à la Renaissance. On baigne intégralement dans cette Rome corrompue, bien qu’artistiquement et intellectuellement très productive, du XVIeme (fin XV, plus exactement au début de cette histoire) et cette trempette franchement agréable ! Je n’hésiterai pas à plonger la tête la première dans le second tome, Francesca et la trahison des Borgia déjà publié chez MA éditions.

Des personnages attachants et intéressants. En premier lieu nous avons Francesca, notre narratrice, dix-neuf ans et déjà une femme à part entière. Responsable, volontaire, ambitieuse et incroyablement courageuse. La jeune empoisonneuse – qui, en forçant un peu le destin, succède à son père, empoisonneur officiel de Rodrigo Borgia – ne recule devant rien et tente le tout pour le tout pour arriver à ses fins. Malgré son métier, qui consiste à assassiner par empoisonnement ceux qu’on lui ordonne de tuer, Francesca reste une personne juste et rechigne à donner la mort lorsqu’elle n’a pas de véritable motivation (comme venger la mort de son père, ou sauver le peuple juif de l’extermination), elle n’est pas sans compassion et ne fera jamais de mal à un innocent. Tuer pour elle n’est pas sans conséquence, elle le sait et elle l’accepte, elle ne croit pas que l’absolution que peut lui fournir Borgia suffira à sauver son âme des flammes de l’Enfer, mais ne laisse pas sa peur de l’au-delà la dominer. Ainsi, on peut voir qu’elle possède énormément de volonté et c’est ce qui fait qu’on l’apprécie. À juste titre. C’est une véritable héroïne qui au lieu de se laisser envahir par ses défauts, sait les exploiter. Elle est intelligente, réfléchie et possède un savoir important sur l’art de potion et la botanique. C’est grâce à elle qu’on en apprend plus à ce sujet, car, sans pour autant nous fournir un manuel détaillé, elle nous parle de diverses plantes et ingrédients et de leur effet sur le corps humain. C’est très enrichissant, et pour ma part, j’ai trouvé ça passionnant.
On a aussi le personnage de Rocco, qui, comme Francesca, exerce un métier fascinant. Etant souffleur de verre, Francesca va le voir pour obtenir des bouteilles et ustensiles nécessaires à ses préparations, mais avant cela, Rocco était un ami de son père et celui de la jeune femme par la même occasion. On dénote, bien sûr, beaucoup de tendresse entre les deux personnages, et on espère bien évidemment qu’ils finiront ensembles. Rocco est un personnage intriguant, on sait au final peu de choses sur lui – bien que la fin laisse présumer qu’il n’en sera pas de même dans le tome 2 – mais néanmoins il est assez attachant. C’est un homme foncièrement gentil, doux, peu enclin au jugement – il semble très tolérant envers les juifs notamment –, responsable (veuf, il doit élever seul son enfant de dix ans) et talentueux. Son métier de souffleur de verre est décrit avec une telle poésie qu’il fait de lui une sorte de magicien, et donne à son personnage un caractère mystique et mystérieux. Etant également un ancien moine, et de part son métier d’artisan, il a possède beaucoup de relation et ainsi aidera Francesca dans ses diverses enquêtes.
J’aime beaucoup David Ben Eliezer aussi, un rebelle juif qui a la niaque et qui donnera tout le meilleur de lui même pour sortir son peuple, retranché dans un ghetto, de la misère. C’est un battant, il est fougueux, téméraire et s’il s’efface un peu trop à mon goût dans la seconde partie du livre, il est néanmoins d’une grande aide à Francesca dans la première. De plus, je doute que nous ayons fini d’entendre parler de lui. Il est, à mon sens, l’un des rivales de Rocco dans le cœur de notre héroïne, même si cette dernière ne le sait pas encore…
Sofia, la soigneuse juive, mérite également qu’on lui consacre un paragraphe. C’est une vieille femme, veuve, qui s’occupe d’un dispensaire au sein du ghetto juif de Rome. Elle possède un certain caractère, et c’est probablement ce qui lui permet de tenir au centre de toute cette misère qu’elle voit passer chaque jour dans son cabinet. C’est elle qui s’entremet entre David et Francesca en premier lieu, et qui les mènera à agir main dans la main.
Nous avons aussi Vittorio Romano, capitaine de la garde de Borgia, un homme au départ très froid, distant, bien qu’attentionné envers Francesca – qui pourrait être sa fille – se révèle être tolérant et profondément humain. Toujours là pour tirer Francesca du pétrin dans lequel elle se met, il est aussi bien conscient des risques qu’il prend pour servir Borgia. Il ferme les yeux sur beaucoup de choses, mais n’en devient pas pourtant, comme on pourrait s’y attendre, une brute épaisse qui ne fait qu’exécuter des ordres.
Quant à Rodrigo Borgia, bien qu’il demeure dans l’ombre du personnage de Francesca puisque c’est elle qui mène toute l’intrigue, n’est pas pour autant relayé au plan de personnage secondaire. C’est tout de même au sein de sa cour que tout se déroule, et l’on assiste ici à son ascension sur le trône de Saint Pierre. On remarquera à quel point il est perverti, bien moins pieux que la majorité de ses ouailles, il s’adonne à tous les plaisirs de la vie et sans la moindre retenu. On découvre qu’il est capable de tout, même du pire, pour parvenir jusqu’à ses fins. C’est un personnage dangereux, mieux vos figurer parmi ses amis. Pourtant, envers Francesca il se montre protecteur, et nous apparaît presque – j’ai bien dit presque – sympathique.
Il reste une foule d’autres personnages encore, mais j’ai peur de trop vous en révéler si je vous les présente maintenant. Sachez néanmoins qu’ils sont, comme ceux dont je vous ai fait le portrait plus haut, très complet et mérite qu’on s’attarde sur eux. Ne serrait-ce de par leur complexité.

Passons à l’intrigue maintenant, ou plutôt la double intrigue, car oui, il ya bien deux intrigues, distinctes mais pourtant très liées, qui rythment le roman. Je ne peux pas trop vous en dire, de peur de vous spoiler, mais sachez cependant que l’on ne s’ennuie pas. Il y a sans cesse des rebondissements, et le récit ne s’essouffle jamais. La perspective d’un second tome mouvementé se dessine également à la toute fin du roman et ça, on aime ! S’il y avait cependant un reproche à faire, ce serait au niveau de la seconde intrigue où il y a, peut-être, un brin de prévisibilité. Rien de bien méchant rassurez-vous, cela ne gâche en rien l’histoire et ne nous empêche pas d’être pris corps et âme dans la vague tumultueuse que nous propose ici Sara Poole avec Francesca empoisonneuse à la cour de Borgia. Un livre que je vous recommande chaudement !

Une dernière chose : pour ceux qui hésite à ce procurer le tome à cause du côté historique du roman, n’ayez crainte, rien de plombant ici, cela passe tout seul, la plume de Sara Poole est comme le morceau de sucre qui aide la médecine à couler, alors foncez !!

ON ADORE : L’univers, le contexte historique fourni et bien documenté, la double intrigue, les personnages
ON REGRETTE : rien.


lundi 7 mai 2012

Lili bouquine : Le voleur de corps d'Anne Rice

Titre en VO : The tale of the body thief
Editeurs : Pocket (Plon)
Site du livre/de l’auteur : http://annerice.com
Ma note : 9/10
Quatrième de couverture : Vampire impie, ne croyant ni en Dieu, ni au diable, ivre d'amour et de sensualité, Lestat a été pendant des siècles un prince courtisé dans le monde ténébreux et flamboyant des morts vivants. Mais aujourd'hui, à l'aube d'un nouveau millénaire, au cœur des jungles de néons de l'Amérique contemporaine ou dans l'immensité désolée du désert de Gobi, le doute le ronge, une obsession le tenaille : redevenir mortel. Regarder le soleil en face. Regarder la mort en face. Impossible? Peut-être pas.. . C'est du moins ce que prétend le mystérieux inconnu qui se livre avec lui à un diabolique jeu de cache-cache, Miami à Amsterdam, de la Nouvelle-Orléans aux caraïbes.

MON AVIS SUR LE LIVRE


Le voleur de corps, quatrième volume de la chronique des vampires d’Anne Rice, est le troisième qui prend Lestat pour narrateur. Connaissant mon amour pour ce personnage, vous imaginez bien que je me réjouis à chaque fois de lire une de ses aventures. Fidèle à lui même, mon vampire préféré se met une nouvelle fois dans la panade, nous le retrouvons ici au début des années 90, un peu amoché par sa récente expérience avec la Reine de damnés et l’animosité que ses semblables lui ont témoignée suite à la provocation qu’il a orchestrée en devant rock-star et en dévoilant dans ses chansons quelques secrets inavouables de vampire (cf. La Reine des damnés). Le voilà un brin trop mélancolique – ce qui ne lui ressemble pas –, en ce début de roman et délesté de son goût pour la vie – la « non-vie » dans son cas.

Heureusement pour nous, lecteur, un élément va venir piquer la curiosité du vampire et ainsi le réveiller. Un homme, se faisant appeler le « voleur de corps », va lui proposer un marché : échanger son corps de mortel avec celui du vampire pour quelques jours, permettant à Lestat de revivre quelques émotions humaines, ce dont il rêve depuis deux siècles, de ce fait. Le damné, avide d’expériences inédites, accepte. Il sait que c’est un piège, car l’individu lui paraît peu honnête, mais il se laisse tenter aveuglement.

Par ce procéder, Anne nous permet de voir l’humanité sous un autre jour. Un vampire redevenant humain est capable de remarquer des détails qui pourraient paraître insignifiants à celui qui demeure humain depuis sa naissance. Sous la plume de Rice, on redécouvre des éléments aussi banals que se nourrir, boire, respirer, se cogner dans un meuble ou faire l’amour, des choses habituels pour des humains et qui deviennent extraordinaire pour le vampire qui n’y est plus habitué. Ainsi, on en vient à faire attention à toutes ces choses qu’on oublie au quotidien, on remarque l’éléphant dans le couloir et, comme pour Lestat, l’expérience n’est pas toujours heureuse, comme elle peut être merveilleuse.

Anne Rice en profite également pour aborder les questions métaphysiques de la vie, la mort, de l’au-delà, du côté éphémère de l’homme, avec un peu d’idées théologiques également. Elle tient néanmoins des propos qui peuvent rebuter les plus pieux, car elle remet en question toutes les idées véhiculées par l’Eglise et le Vatican. Pour ma part, j’ai trouver ses arguments plutôt pertinents et orginals. Comme dans nombreux de ses livres. Elle le dit elle-même, le vampire est pour elle un allégorie dont elle se sert souvent pour exprimer et exploité des idées. C’est, pour ainsi dire, sa patte.

En dehors de l’histoire de vampire, c’est un livre vraiment intéressant à lire et je le conseille vivement, même à ceux qui n’aime pas la bit-lit, car ceci n’a strictement rien à voir avec de la bit-lit. Vraiment rien. Si vous souhaitez vous réconcilier avec les vampires, c’est évidemment vers Anne Rice qu’il faut vous tourner car, si vous savez passer outre un style un brin trop descriptif, vous ne serez pas déçus !


ON ADORE : Lestat, un personnage vraiment singulier qui vaut la peine d’être connu. L’histoire du voleur de corps, les idées théologiques, métaphysiques qui sont développer, ainsi que l’univers général, caractéristique des romans d’Anne Rice.
ON REGRETTE : Un style un peu descriptif (mais néanmoins très poétique), ainsi que le démarrage un peu lent de l’intrigue.


mercredi 2 mai 2012

Et ce mois d'Avril alors ?


Un mois d'Avril plutôt satisfaisant, 3 livres lus seulement certes, mais un total de 1568 pages de lues, et que des belles découvertes ! Ça compense largement. Mon gros coup de cœur du mois réside dans Un jour, de David Nicholls qui m'a littéralement transcendée, le livre autant que le film. J'ai trouvé cette histoire vraiment magnifique. Je commence donc ce mois d'Avril avec Rani de Jean Van Hamme, un roman d'aventure sur fond historique, et je participe également au challenge lancé par Crouton, un mois/1000 pages, relayé sur facebook. En attendant, je fais mon maximum pour rattraper le petit retard que j'ai pris dans mes chroniques !