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vendredi 21 décembre 2012

Baby-Challenge Classiques 2013


Bonjour tous le monde !

Bonne nouvelle ! Les baby-challenges 2013 sont ouverts sur Livraddict, yeaaaah ! Alors, oui, effectivement, je n’ai lu que 7 livres sur les 20 dans mon baby-challenge bit-lit 2012. Je sais ce n’est pas bien glorifiant mais je ne désespère pas d’en lire un 8ème avant la St Sylvestre et donc d’obtenir une médaille en chocolat (ouaiiiiiiiiiiis….n..non ? Non, bon…ok).

Cette fois-ci, j’ai davantage envie de me pencher vers les classiques. Plusieurs titre me font envie et j’avais décidé de m’y remettre de toute manière. Cette année les règles ont changé, nous avons toujours une liste de 20 titres, mais nous obtenons en plus un choix de 5 jokers, parmi lesquels on peut, au maximum, en piocher trois (et remplacer ceux qui nous ferait plisser le nez dans la liste officielle). Vous me suivez toujours ? Si jamais vous souhaitez plus d’info, je vous renvois au règlement de Livraddict, lui-même.

Aloooooors, pour ma part, j’ai remplacer trois titres par trois joker (attendez, genre, depuis quand on refuse une faveur quand on nous l’accorde si gracieusement, hm ?). J’ai supprimé Raison et Sentiments de Jane Austen pour le remplacer par Orgueil et Préjugésde la même auteure, étant donné que c’est celui que je possède, c’est plus pratique. J’ai ensuite troqué Le silence de la mer de Vercors par Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, et enfin La mare au Diable de George Sand par Cyrano de Bergerac d’Edmond de Rostand car c’est une pièce que j’ai lu en cinquième (cela remonte…) et que je me souviens avoir beaucoup apprécié, je la relierais donc avec grand plaisir.

Voici donc ma liste modifiée pour ce challenge :

1 ~ Anna Karénine de Léon Tolstoï
2 ~ Le Joueur d'échecs de Stefan Zweig

3 ~ Huis clos suivi de Les Mouches de Jean-Paul Sartre
4 ~ Orgueil et Préjugés de Jane Austen
5 ~ Rebecca de Daphné Du Maurier
6 ~ Les Quatre Filles du Docteur March de Louisa May Alcott
7 ~ Roméo et Juliette de William Shakespeare
8 ~ Dracula de Bram Stoker

9 ~ Tristan et Iseut / Tristan et Iseult de Anonyme

10 ~ La petite Fadette de George Sand

11 ~ On ne badine pas avec l'amour de Alfred de Musset

12 ~ Peter Pan de James Matthew Barrie

13 ~ Notre-Dame de Paris de Victor Hugo

14 ~ La Reine Margot de Alexandre Dumas

15 ~ Oedipe roi de Sophocle

16 ~ Vingt-quatre heures de la vie d'une femme de Stefan Zweig

17 ~ Les Trois Mousquetaires de Alexandre Dumas
18 ~ Cyrano de Bergerac de Edmond de Rostand

19 ~ Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne
20 ~ Le portrait de Dorian Gray de Oscar Wilde

mercredi 19 décembre 2012

Lili bouquine : Anamorphose de Nathy

Titre en VO : Anamorphose, Invictus Tenebrae
Editeurs :Rebelle
Site de l’auteur : http://www.nathy.fr/Nathy/
Ma note : 7/10
Quatrième de couverture :
Que l’on soit vampire ou humain, le passé d’un être laisse des marques indélébiles.
Dante se souvenait de tout. La violence de l’attaque de Lucrezia. La panique ressentie quand les canines avaient effleuré sa peau et déchiré sa gorge. La douleur épouvantable qui fut la sienne ; le feu parcourant ses veines tandis qu’elle s’abreuvait de son sang. Les soubresauts de son corps refusant la perte de son fluide vital. Son envie de crier, alors qu’aucun son ne pouvait franchir ses lèvres. Des larmes qui coulaient sur son visage pendant qu’elle se délectait de sa vie. Son rire dément, ses humiliations, ses tortures.
Esclave, tel était son nom. Bien des siècles plus tard, une jeune humaine, Camille, aussi torturée que lui, croisera son chemin. Seront-ils capables d’échapper à leur obscur destin ?


MON AVIS SUR LE LIVRE

On m’avait prévenu que ce livre était de ceux que l’on n’oublie pas. On m’avait dit qu’il était différent. Un livre de vampire, oui, mais pas seulement. Vraiment pas. C’était d’ailleurs les principales raisons qui m’avaient poussée à me le procurer, en plus de sa couverture énigmatique et d’une quatrième de couverture qui donne un aperçu très agréable de la plume de Nathy. En effet, Anamorphose est un roman vraiment inédit, qui marque les esprits d’une manière assez singulière.

Si ce n’est pas un coup de cœur, le bouquin me restera en mémoire à coup sur. Nathy a su me transmettre, à travers son écriture somptueusement mélancolique, un panel d’émotions incroyable.

C’est un roman qui parle avant tout de ses personnages, de leurs souffrances, de leurs misères, de tout ce qui les a ramenés plus bas que terre. Dans Anamorphose, l’auteure nous dessine le portrait de deux être ravagés par la vie. Nous avons tout d’abord Dante, vampire de la renaissance italienne qui porte son lourd passé comme une cicatrise en travers du cœur. Puis il est question de Camille, jeune femme contemporaine, qui cache son malheur et sa solitude sous d’épaisses couches de vêtements. Pour chacun d’eux, la vie semble n’être qu’une douleur qu’ils se contraignent à endurer jour après jour, péniblement, mais avec témérité. Comme s’ils pensaient l’avoir mérité.

J’avancerais, sans trop me tromper, que l’un des sujets principaux de ce roman est la souffrance. Elle y est en tout cas décrite sous plusieurs formes, et parfois assez crument. L’horreur que dépeint l’auteure dans son livre transpire des pages et nous colle des frissons à coup sûr.

La douleur couvre une grande partie de ce livre, c’est indéniable, néanmoins, la reconstruction des deux personnages, qui, après s’être rencontrés, trouverons la force d’affronter leurs démons et de leur faire baisser l’échine, est d’autant plus présente. C’est ce merveilleux sentiment d’union, cette certitude que tout est moins dur lorsqu’on est soudés, qui donne une beauté certaine aux écrits de Nathy.

Anamorphose offre une panoplie d’émotions indescriptibles. Je me souviens parfaitement des sentiments qui m’ont envahie lors de ma lecture, je me rappelle de ce que cela m’a fait, là, juste dans le creux du ventre, mais suis incapable de mettre un nom sur cette sensation. Qui lira, saura.

Cette découverte aurait pu être une vraie perle si ma lecture n’avait pas été entachée par la fin. L’intrigue et le dénouement qui se construisent dans le quatrième quart du roman ne m’ont absolument pas convaincue, et s’ils ajoutent un peu d’action au roman, qui jusqu’alors était très mélancolique, j’ai trouvé le tout trop rapide, et incongru. Pour moi, cela n’avait rien à voir avec l’histoire, ou du moins c’était mal agencé.

Ce n’est toutefois pas ce que je retiens de ce livre, il reste tout de même absolument bouleversant, innovant et inoubliable.

Mon conseil : Lisez-le !

ON ADORE : Les émotions que l’auteure nous fait ressentir tout au long de son histoire.
ON REGRETTE : Le quatrième quart, où se déroule « l’action » du roman.


dimanche 16 décembre 2012

Lili bouquine : Highlanders, t.1 "La malédiction de l'elfe noir" de Karen Marie Moning

Titre en VO : Beyond the highland mist
Editeurs :J'ai lu
Site de l’auteur : http://www.karenmoning.com/kmm/

Ma note : 5/10
Quatrième de couverture : Au XVIe siècle en Ecosse, Hawk est célèbre pour sa beauté et sa force guerrière. A la cour de Faërie, le roi et son fou, Adam Black, jaloux de Hawk qui a séduit la reine Aoibheal, tentent de trouver une femme d'une beauté parfaite qui ne se laissera pas séduire par Hawk. Adrienne de Simone est alors enlevée du XXe siècle et se retrouve en 1513.

MON AVIS SUR LE LIVRE

Qui me connaît bien sait mon attachement aux pays de légendes, comme l’Irlande ou l’Ecosse. Dotée d’un esprit rêveur, je ne peux que m’emballer lorsqu’on évoque les Highlands, les kilts, les doux airs de cornemuse, les plaines d’herbes hautes et vivaces, les shortbreads…(oui, non, là, je m’égard :p), aussi ne pus-je m’empêcher de tendre l’oreille lorsque la toile s’est mise à parler de la seconde série de Karen Marie Moning, très simplement nommé Les Highlanders, histoire de vous mettre correctement l’eau à la bouche. Très enthousiaste à propos de cette nouvelle saga, je me suis procurée les deux premiers tomes dans la même foulée, j’ai ensuite dévorée le premier La malédiction de l’Elfe noir presque en une seule bouchée, et si j’ai passé un agréable moment à la lecture, je n’en garde pas vraiment un souvenir impérissable. Ainsi, mon avis sur ce livre est plutôt mitigé.

Ce roman est pour moi uniquement destiné à la détente. Ce n’est pas un mal en soi, il est parfois très agréable de seulement se poser dans un fauteuil et d’ouvrir un livre où il n’est pas dérangeant pour la compréhension de l’histoire de laisser son esprit en pause, néanmoins, ce serait mentir que de vous dire que le roman m’a transcendée, ou voire même marquée.

L’écriture est fluide, cela se lit tout seul et le récit est plutôt attractif. L’univers développé est également assez sympathique et saupoudré d’un humour cocasse appréciable, ce sont là, cependant, les seuls points positifs que je peux énumérer pour La malédiction de l’Elfe noir.

J’ai trouvé l’ensemble un peu trop kitch et truffé de clichés.

Prenons en premier lieu la base du roman : la rencontre entre deux personnages de pays et d’époques totalement différentes. Nous avons d’un côté Hawk, grand seigneur écossais du XVIeme siècle, majestueux dans son kilt et fier sur son valeureux destrier, et Adrienne, jeune femme un peu perdue et écoeurée par la gente masculine, appartenant à la fin du XXeme, de l’autre. C’est plus qu’un choc des cultures, cela pourrait presque provoquer un nouveau Big Bang, seulement voilà, si l’idée est assez bonne, elle est plutôt peu exploitée.

Les personnages, et en particulier leur relation, constituent, pour moi, un cliché à eux seuls. Hawk, fier, exigeant, autoritaire, peu habitué à ce qu’on lui dise non. Adrienne, détruite, possédant une aversion claire pour les hommes, naïve – trop pour que cela soit crédible en passant – et trop mollassonne à mon goût. Le tableau ne me paraît pas très original, et vous ? D’autant que la malédiction de l’Elfe noir consistait à choisir une femme qui aurait suffisamment de force de caractère pour résister à Hawk et qu’à mon sens, Adrienne n’était pas la candidate idéale pour le poste. Certes, son dégoût des hommes a donné du fil à retordre à notre beau lord écossais, mais elle n’a fait que résister à l’attraction sexuel qu’il excerçait sur elle, j’aurais aimé voir une femme plus forte, plus rebelle et qui n’aurait pas la langue dans sa poche, plutôt qu’Adrienne, trop fade à mon sens.

Vous l’aurez compris, je n’ai ressentis aucune attache pour le personnage d’Adrienne, ce qui me laisse si perplexe. Son passé, selon lequel elle aurait été abusée par un homme riche, prise et jetée comme un vulgaire mouchoir, un homme qui ne voyait aucun intérêt en elle, pas même sexuel, mais qui lui aurait tout de même fait du mal – Comment ? On ne sait pas. – me paraît décousu, et, encore une fois, bien peu crédible. Tout comme sa manière d’agir avec Hawk et son intégration au XVIeme siècle

En d’autres termes, je n’ai été séduite que par l’univers de ce roman, ce pourquoi je me risquerais à lire le tome 2 avant de prendre la décision de continuer, ou bien au contraire d’arrêter la série.


ON ADORE : L’univers.
ON REGRETTE :Des personnages trop lisses et peu crédibles – des clichés – le manque de surprise dans le dénouement.


Lili bouquine : Les vampires de Chicago, tome 5 "Morsures en eaux troubles" de Chloé Neill

Titre en VO : Drink deep
Editeurs :Milady
Site de l’auteur :

Ma note : 7/10
Quatrième de couverture : Sale temps pour les vamps !

Avec la multiplication des manifestations contre les vampires et la ville qui menace d’adopter une loi sur le fichage des surnaturels, les temps n’ont jamais été aussi durs. On aurait bien aimé se faire oublier quelque temps. Sauf que le lac Michigan a viré au noir, et là ça a dégénéré. Le maire de Chicago prétend qu’on n’a pas à s’en faire, mais moi je sais quelle magie est assez puissante pour perturber les lois de la nature. Et laissez-moi vous dire que ça sent mauvais, pour les vamps comme pour les humains…

MON AVIS SUR LE LIVRE

Morsure en eaux troubles, tome 5 des Vampires de Chicago, était pour moi le tome où Chloe Neill ne devait pas se louper. Après la fin du quatrième opus, où tout semblait tomber en miettes, notamment par la mort d’Ethan et celle de Célina, j’avais bien du mal à imaginer les éventuels rebondissements du tome suivant. Pour moi, Chloe Neill fermait une porte en tuant si rapidement Ethan – co-héros et beau gosse de l’histoire – et surtout la « méchante ». Celle qui semblait créer tous les problèmes auxquels étaient confrontés Merit et son mentor/amant/ou pas, Ethan. Je me demandais alors ce qui pouvait bien s’opposer à notre héroïne et à la maison Cadogan, je me suis tellement concentrée sur la disparition des deux personnages, dont la présence dans la série me paraissait primordiale, que j’en ai oublié la piste que Chloe étendait sous nos yeux déjà dans le tome 4.

En effet, personne ne menace personnellement la maison Cadogan comme s’en chargeait auparavant Célina, l’épée de Damoclès, ici, est au dessus de la tête de tous les vampires de Chicago. Les humains, notamment influencés par un petit groupuscule anti-vampires et lassés du divertissement que leur fournissaient les vampires de part leur seule existence, commencent à se méfier d’eux. À voir en eux des monstres assoiffés de sang, incontrôlables et vils, et non plus la dernière créature à la mode avec qui il fait bon de trainer. Nos amis à crocs sont menacés de fichage et doivent se faire les plus discrets possibles, ce qui rend l’atmosphère un peu tendue. Et c’est sans parler bien sûr des événements plus que singuliers qui se déroulent à la Ville des Quatre Vents. Nous assistons, semblerait-il, à un étrange dérèglement des éléments eau, terre et air. Des phénomènes inquiétants semblent se produire – les eaux du lac qui deviennent noires, le ciel se changeant en rouge – et la populace a tôt fait d’accuser la communauté des immortels.

Au milieu de tout ce mic-mac, nous retrouvons donc Merit, meurtrie par la disparition d’Ethan et rongée de culpabilité, et comme si cela ne suffisait pas, harcelée par des rêves très étranges mettant en scène son mentor adoré. Merit est un personnage plutôt fort, elle nous le prouve une fois de plus dans ce tome, ses lamentations au sujet de ce qui s’est passé ne durent que très peu de pages après quoi elle se décide à prendre le taureau par les cornes et d'aller de l’avant. Elle assume son rôle de sentinelle à merveille, un rôle par ailleurs menacé par le conseil des vampires (je ne sais plus bien si c’est le terme utilisé dans le bouquin, m’enfin, vous avez saisi l’idée) et mène l’enquête avec perspicacité comme à son habitude. Elle est forcée de se faire d’autre alliés, de s’appuyer sur d’autres épaules et doit lutter contre deux problèmes majeurs : le dérèglement des éléments, ainsi que l’aversion grandissante des humains à l’égard de ceux de son espèce. C’est un tome plutôt intéressant, ou de nombreuses idées sont développées et où le personnage de Merit est formidablement exploité.

Néanmoins, je dois reprocher la prévisibilité du dénouement, on sent venir la chose à des kilomètres. Pour ma part, je me doutais déjà de ce qu’il en retournait à peu près à la moitié du livre, ce qui est dommage. Le final également est un peu trop bref et m’a laissé sur ma fin. Cela peut toutefois s’expliquer lorsque l’on songe que ce cinquième opus est une sorte de transition. On sent bien que la saga prend un tournent ici, Chloe Neill prend un nouveau départ et elle a su l’amorcer avec brio.

J’attends la suite dans ma pal avec grand impatience.

ON ADORE : Le rebondissement qu’à su prendre Chloe Neill, l’univers, retrouver le personnage de Merit
ON REGRETTE : Trop de prévisibilité, un final trop bref


samedi 15 décembre 2012

Lili bouquine : Lucrèce Borgia de Victor Hugo

Titre en VO :Lucrèce Borgia
Editeurs : Pocket
Site de l’auteur :
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Ma note : 10/10
Quatrième de couverture : «C'est donc lui! il m'est donc enfin donné de le voir un instant sans péril! Non, je ne l'avais pas rêvé plus beau! Ô Dieu! épargnez-moi l'angoisse d'être jamais haïe et méprisée de lui. Vous savez qu'il est tout ce que j'aime sous le ciel!» Lucrèce Borgia, cette femme sans scrupules dont le nom est honni par l'Italie tout entière, cette femme qui a commis les crimes les plus horribles, adultère et incestueuse, cette femme aime, plie et tremble devant un homme: son fils. Mais elle a beau essayer de la repousser, la fatalité les rattrape toujours, jusqu'au terrible dénouement que rien ni personne ne pouvait empêcher... La vie de cette duchesse de Ferrare (1480-1519), qui fut en réalité un instrument politique aux mains de son père et de son frère, inspira à Victor Hugo l'une de ses plus belles tragédies.

MON AVIS SUR LE LIVRE


Pour ma part, je trouve qu’il n’a pas meilleur façon de retrouver goût aux classiques que par le biais d’une pièce de théâtre. C’est souvent très rapide à lire, assez fluide et nous n’encourons pas le risque d’être pris dans un tumulte de descriptions incessantes. C’est, autrement dit, une valeur sûre.

Je me suis plongée dans cette tragédie, Lucrèce Borgia de Victor Hugo, car j’avais envie d’en lire davantage au sujet de cette famille de la Renaissance italienne qui a fait couler beaucoup d’encre (et de sang également), mais aussi parce que j’apprécie la plume de Victor Hugo. Un auteur qui, selon mon point de vue, figure parmi les plus grands. Pour ne pas dire LE plus grand auteur français. Il est, pour moi, celui qui incarne notre patrimoine et dont les histoires – Les misérables, Notre Dame de Paris, pour ne citer que celles-ci – ont touché énormément de personnes et ce, dans le monde entier. Les textes de Hugo traversent les ans presque sans vieillir, un peu dans le genre de Voltaire, ou bien de Molière, à la droite desquels il se trouve assis au temple de la littérature francophone. J’aime également la dimension politique, sociologique sans en avoir l’air (ou du moins pas toujours) que prennent ces écrits, et également le fait que l’écrivain ait touché à tout. Poète, dramaturge, écrivain, il en a fait pour tous les goûts.

C’était un homme qui avait des idées et qui savait les revendiquer, quitte à ce que cela lui porte préjudices. Peu ignore les vingt ans d’exil qu’il a récolté pour s’être opposé à l’empereur Napoléon III, et j’en suis d’autant plus fascinée lorsque l’on constate sa témérité. Jamais il n’a renier ces idées, quoi qu’il lui en coute. C’est aussi pour cela que j’aime Victor Hugo.

Mais ceci résulte d’un tout autre débat que ce dont je dois vous parler ici. Lucrèce Borgia fut donc une très bonne découverte, très facile d’accès et vraiment intéressante.

La pièce n’est absolument pas à prendre sous le point de vue historique, cela n’est en aucun cas un documentaire, et n’en a pas la moindre prétention. Et si parmi la liste des personnages nous en retrouvons certains ayant réellement existés, comme Lucrèce Borgia (fille reconnue du pape Alexandre VI) et son troisième époux Alphonso d’Este par exemple, ils auraient pu être remplacés par des personnages fictifs assez aisément, cela n’aurait fait aucune différence.

Vous l’aurez peut-être compris, le sujet principal de ce drame n’est pas la fille du pape Alexandre VI. Le but de Victor Hugo n’était pas de faire une biographie, ni même de nous faire part d’un bref épisode de la vie de Lucrèce. Je soupçonne d’ailleurs tous les éléments de la pièce d’être purement fictifs. Le sujet véritable de Lucrèce Borgia, celui qui m’a sauté aux yeux tout du moins, est l’importance que l’on porte aux préjugés pour construire un jugement.

Ainsi, je pense que Hugo a choisi d’utiliser la notoriété des Borgia, dont les rumeurs à leur sujet vont bon train, même encore aujourd’hui, pour donner plus de texture à son développement. Pour fournir au lecteur quelque chose de solide à se mettre sous la dent en quelque sorte, quelque chose de concret. Et si le drame aurait parfaitement fonctionné avec des personnages inventés de toute pièce, je suppose néanmoins que l’impact n’aurait pas été le même.

Le personnage central, Gennaro, est aveugle du début jusqu’à la toute fin de l’œuvre, et en cela réside tout l’intérêt du texte. Il se laisse guider par les rumeurs, les on-dit, et ne prend pas le temps d’observer la réalité qui l’entour pour édifier ces propres idées. Il hait une femme qu’il n’a, pour ainsi dire, jamais rencontré, il clame à qui veut bien l’entendre sa répulsion pour Dame Lucrezia Borgia dont il ignore tout en réalité. L’absurdité d’un tel raisonnement accentuera la fatalité de la pièce.

De l’autre côté, nous avons Lucrèce Borgia, consciente du dégoût de Gennaro (un être qui lui est cher depuis leur rencontre au début de la pièce) qui tâchera de se remettre en question, de comprendre la répugnance que peuvent avoir les gens – et spécialement Gennaro – à son égard. Ainsi, la rétrospection, dont fait preuve la fille du pape, est également mit en avant comme sujet principal.

Victor Hugo inclut également nombreux sujet, duquel il parle très brièvement, comme la cupidité des hommes notamment grâce à cet échange de répliques entre Lucrèce et son bras droit Gubetta :

« Je suis un de leurs meilleurs amis. Je leur emprunte de l’argent.
— De l’argent ! Et pour quoi faire ?
— Pardieu ! Pour en avoir. »


Il nous parle également des relations hommes/femmes de toute nature, du vice en général, du fait que les hommes ont la fâcheuse tendance à voir la paille dans l’œil d’un autre et non la poutre dans le leur, du mensonge qui régit la vie de chacun et j’en passe et des meilleures. Autrement dit, bien que certains sujets ne soient qu’effleurés en surface, Lucrèce Borgia est une pièce plutôt riche. Une pièce qui fait réfléchir de la même manière que le ferait une remarque anodine dite par un ami et qui ferait tourner les engrenages dans notre caboche jusqu’à y voir plus clair à ce sujet. Hugo ne nous donne pas les réponses toutes prémâchées et c’est cela que j’aime beaucoup.

En parallèle nous retrouvons l’écriture fluide et poétique de l’auteur qui, pour ma part, m’a vraiment enchantée, ainsi que tous les éléments réunis ici pour créer une belle tragédie. Empathie pour les personnages – même les plus sombres –, quiproquos, fatalité. Tout est là pour nous faire passer un bon moment.
Un classique que je recommande chaleureusement donc !

ON ADORE : Les idées développées, la construction du récit, les personnages, la plumes de l’auteur.
ON REGRETTE :Le spoiler dans la liste des personnages en début de pièce (NE LA REGARDEZ PAS !!!)