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Titre en VO :A discovery of witches
Editeurs : Orbit / Le livre de poche
Site de l’auteur : http://deborahharkness.com/
Ma note : 10/10
Quatrième de couverture : Diana Bishop est la dernière d'une longue lignée de sorcières, mais elle a renoncé depuis longtemps à son héritage familial pour privilégier ses recherches universitaires, une vie simple et ordinaire. Jusqu'au jour où elle emprunte un manuscrit alchimique : L'Ashmole 782. Elle ignore alors qu'elle vient de réveiller un ancien et terrible secret, et que tous - démons, sorcières et vampires - le convoitent ardemment. Parmi eux, Matthew Clairmont, un vampire aussi redoutable qu'énigmatique. Un tueur, lui a-t-on dit. Diana se retrouve très vite au coeur de la tourmente, entre un manuscrit maudit et un amour impossible.
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MON AVIS SUR LE LIVRE
Inutile de vous faire patienter davantage, Le livre perdu des sortilèges de Deborah Harkness fut pour moi LE coup de cœur de l’année 2012 ! Il vint, à la toute dernière semaine de décembre, détrôner celui que je pensais jusque là être mon number one : Un jour de David Nicholls. Autant vous dire que ce livre a fait bien plus que me séduire, il m’a littéralement entrainée dans son monde, corps et âme. Il m’a couvert d’un plaid de mystères, de magie, d’alchimie et d’amour interdit duquel je ne souhaitais plus me découvrir. L’univers de Deborah Harkness est devenu le mien, ma référence du genre fantastique et les personnages, Diana et Matthew, presque des amis.
J’ai été réellement fascinée par l’univers que nous propose l’auteure, et particulièrement par son étendue. Si en plus de 800 pages, Deborah Harkness nous offre un bel échantillon, ce n’est que la partie visible de l’ice-berg. Il est évident, en lisant ses lignes, que l’écrivain nous réserve encore bien des surprises. Elle en dévoile suffisamment pour attiser notre curiosité, mais pas suffisamment pour l’étancher. Une promesse d’approfondissement toutefois est le moteur qui nous pousse à tourner les pages encore et encore.
Les bases de l’histoire, comme vous l’aurez compris, sont très bien travaillées. Bien pensées et suffisamment approfondies pour nous laisser dire que l’auteure maîtrise son sujet à la perfection. On voit également que Deborah Harkness, historienne et professeur en université, s’appuie sur des faits historiques, sur des données scientifiques et alchimiques (fictives ou non) pour draper son roman d’une atmosphère particulière qui, tout en gardant une dimension fantastique, reste ancrée dans le réel.
La mythologie employée ici par l’auteure ne diverge pas complètement des autres sagas fantastiques que l’on peut trouver en librairie, notamment en ce qui concerne les vampires qui, comme dans beaucoup d’histoires, boivent du sang, sont diablement séduisants et dotés de pouvoirs surnaturels impressionnants. Toutefois, c’est par l’intégration de ces créatures fantastiques dans la société humaines, et dans leur mode de vie que l’auteure parvient à se démarquer. Là encore, l’écrivain utilise la science, à travers les analyses de Matthew et la réflexion de Diana, pour nous expliquer qui sont les vampires de son roman. On peut notamment évoquer les recherches du vampire aux sujets des loups et qui démontre un étrange parallèle entre ces canidés et les suceurs de sang. On décèle ici peut-être un clin d’œil au Dracula de Bram Stoker qui pouvait à la fois contrôler les loups et se transformer à leur effigie. Les sorcières, quant à elles, sont regroupées dans des covens et se rapprochent des sorcières de salem – là encore, on remarque à quelle point l’Histoire influe sur le roman –, toutefois leur manière d’aborder la magie est intéressante et singulière. On le verra particulièrement dans le tome suivant avec des entrainements à l’art de la sorcellerie bien particuliers. Il existe également une autre race fantastique dans Le livre perdu des sortilèges : les démons. Un mystère est placé sur leurs têtes puisqu’on ignore presque totalement ce qu’ils sont et d’où ils viennent. Ils semblent d’ailleurs avoir beaucoup de mal à trouver leur place, que ce soit parmi les autres créatures ou les humains. Ils représentent les parias en quelques sortes et l’auteure joue beaucoup sur ce point là.
Un contexte général aiguisé, construit à l’image des personnages, eux aussi très soignés. Diana et Matthew sont une vraie force pour le roman. Ils apportent chacun à leur manière leur pierre à l’édifice et n’ont aucun mal à nous embarquer avec eux dans leur entreprise.
Diana est un personnage intéressant car, comme nous, elle est vierge de ce monde fantastique. Si elle possède quelques bases de par ses origines de sorcière, ses années d’isolement par rapport à son héritage magique lui valent quelques lacunes. Elle réagit souvent de manière très rationnelle, tout en gardant conscience des données fantastiques qui l’entourent et qui, quoi qu’elle souhaite, font partie de sa vie. Diana est une jeune femme érudite, elle est titulaire d’un doctorat et effectue, au début du roman, des recherches pour sa prochaine publication. Sa vie va complètement basculée le jour où, à la bibliothèque bodléienne d’Oxford, elle tombe sur un manuscrit disparu depuis plus de 150 ans. L’ouvrage semble étrangement obéir à son toucher alors que personne, depuis lors, n’avait réussi à mettre la main sur l’Ashmole 782, mystérieux manuscrit contenant, vraisemblablement, des secrets inimaginables sur l’origine des trois races fantastiques : sorcière, démon et vampire. Diana est rapidement rattrapée par son passé, puisque son contact avec le livre fera d’elle un véritablement aimant à créatures paranormales, ainsi elle se retrouvera confrontée à des pouvoirs qu’elle avait jusqu’alors enfouie au fond d’elle.
À ces côtés, nous retrouvons Matthew Clairemont. C’est un vampire, un très vieux vampire puisqu’on apprend notamment qui a participé aux Croisades, qui entre en relation avec Diana Bishop, au début du livre, dans l’optique se de procurer l’Ashmole 782 qu’il convoite comme environ 90% des créatures présentent dans ce roman. Mais très vite, son attirance immédiate pour Diana vient changer la donne et dès lors, il n’est plus capable d’agir en sa seule faveur. Il se place rapidement comme le protecteur de Diana et veillera sur elle le temps qu’elle prenne conscience de ce qui lui arrive. Si ce tome-ci ne nous offre pas beaucoup de révélations au sujet du personnage de Matthew, on se prend à lui faire confiance, au même titre que Diana, malgré l’ombre qui plane sur sa personne. Le caractère du vampire est un vrai paradoxe, il est à la fois impulsif et posé, autoritaire et attentionné, il est doué d’un charisme fou et pourtant rongé d’un cruel manque de confiance en soi. Il est fait, comme dirait l’autre, de cinquante nuances.
Ces deux personnages pourtant radicalement opposés, déjà de part leur nature présumée incompatible, se complètent à la perfection. Leur couple est une osmose, il est d’ailleurs, à l’intérieur même du roman, comparé à une allégorie alchimique assez forte. Diana et Matthew incarnent la pièce maîtresse du roman, et c’est, bien évidemment, autour d’eux que va graviter l’intrigue dont les différents éléments s’accumulent comme les pièces d’un puzzle qu’il nous faut rassembler avec les héros.
Deborah Harkess nous ouvre les portes sur un univers détonnant qui ne demande qu’à être davantage découvert. Une lecture envoutante que je recommande à toute personne qui aime la bonne littérature fantastique !
ON ADORE : L’univers extrêmement fouillé – les personnages – l’intrigue – la plume de l’auteur
ON REGRETTE : /