Titre en VO : Posion : a novel of the Renaissance Editeurs : MA Editions Site du livre/de l’auteur :http://www.sarapoole.com/blog1/ Ma note : 10/10 Quatrième de couverture : Rome, été 1492. Dans les entrailles de la ville éternelle, le mal s’est réveillé. Le meurtre brutal d’un alchimiste va déclencher une course désespérée pour mettre au jour un complot visant à éteindre la lumière de la Renaissance pour replonger l’Europe entière dans les ténèbres moyenâgeuses. Déterminée à venger l’assassinat de son père, Francesca Giordano défie toutes les convenances en s’octroyant la charge d’empoisonneuse au service de Rodrigo Borgia, l’homme à la tête de la plus célèbre et la plus dangereuse famille d’Italie. Elle devient la confidente de Lucrèce Borgia et l’amante de César Borgia. En démêlant l’écheveau de la traîtrise et de la duperie, Francesca se lance à la poursuite du meurtrier de son père, allant des tréfonds du ghetto juif de Rome au sommet de la chrétienté elle-même, le Vatican. Sans le savoir, elle va ainsi provoquer l’ultime confrontation entre des forces immémoriales prêtes à utiliser ses désirs les plus enfouis pour accomplir leurs noirs desseins. |
MON AVIS SUR LE LIVRE
Depuis Décembre 2011, ce livre flirte avec moi à chaque fois que je passe devant une librairie et je me suis enfin décidée à l’acheter, puis à le lire ! Et sachez que je ne suis pas déçue ! Quelle histoire, mes amis, mais quelle histoire ! Un véritable tourbillon dans lequel on se laisse entrainer avec délectation. Un univers bien fourni, sublimé par la plume délicate et savoureuse de Sara Poole. Une perle venue directement de la Renaissance !
Le contexte historique, ici, est superbement exploité, et c’est d’ailleurs l’un des gros points forts de ce livre. Sara Poole a su se documenter correctement et cela se ressent à travers les pages de son livre. C’est vraiment très agréable d’apprendre tout en lisant, car je peux vous assurer qu’avec Francesca empoisonneuse à la cour de Borgia vous approfondirez vos connaissances sur l’époque de la Renaissance, et ce à chacun des chapitres que vous propose Sara. Que ce soit à propos d’événements historiques, des uses et coutumes des gens de l’époque, de la mode vestimentaire, des relations homme/femme, de la médecine, du fonctionnement de l’Eglise – mode de vie des cardinaux, les libertés qu’ils prenaient, l’élection d’un pape etc. –, de l’architecture – notamment avec la chapelle Sixtine, tout juste construite à l’époque du roman, ou bien la basilique Saint Pierre, la première, avant la démolition et la reconstruction de celle qu’on connaît aujourd’hui – et d’autres éléments divers, Sara Poole nous fait nous sentir à la Renaissance. On baigne intégralement dans cette Rome corrompue, bien qu’artistiquement et intellectuellement très productive, du XVIeme (fin XV, plus exactement au début de cette histoire) et cette trempette franchement agréable ! Je n’hésiterai pas à plonger la tête la première dans le second tome, Francesca et la trahison des Borgia déjà publié chez MA éditions.
Des personnages attachants et intéressants. En premier lieu nous avons Francesca, notre narratrice, dix-neuf ans et déjà une femme à part entière. Responsable, volontaire, ambitieuse et incroyablement courageuse. La jeune empoisonneuse – qui, en forçant un peu le destin, succède à son père, empoisonneur officiel de Rodrigo Borgia – ne recule devant rien et tente le tout pour le tout pour arriver à ses fins. Malgré son métier, qui consiste à assassiner par empoisonnement ceux qu’on lui ordonne de tuer, Francesca reste une personne juste et rechigne à donner la mort lorsqu’elle n’a pas de véritable motivation (comme venger la mort de son père, ou sauver le peuple juif de l’extermination), elle n’est pas sans compassion et ne fera jamais de mal à un innocent. Tuer pour elle n’est pas sans conséquence, elle le sait et elle l’accepte, elle ne croit pas que l’absolution que peut lui fournir Borgia suffira à sauver son âme des flammes de l’Enfer, mais ne laisse pas sa peur de l’au-delà la dominer. Ainsi, on peut voir qu’elle possède énormément de volonté et c’est ce qui fait qu’on l’apprécie. À juste titre. C’est une véritable héroïne qui au lieu de se laisser envahir par ses défauts, sait les exploiter. Elle est intelligente, réfléchie et possède un savoir important sur l’art de potion et la botanique. C’est grâce à elle qu’on en apprend plus à ce sujet, car, sans pour autant nous fournir un manuel détaillé, elle nous parle de diverses plantes et ingrédients et de leur effet sur le corps humain. C’est très enrichissant, et pour ma part, j’ai trouvé ça passionnant.
On a aussi le personnage de Rocco, qui, comme Francesca, exerce un métier fascinant. Etant souffleur de verre, Francesca va le voir pour obtenir des bouteilles et ustensiles nécessaires à ses préparations, mais avant cela, Rocco était un ami de son père et celui de la jeune femme par la même occasion. On dénote, bien sûr, beaucoup de tendresse entre les deux personnages, et on espère bien évidemment qu’ils finiront ensembles. Rocco est un personnage intriguant, on sait au final peu de choses sur lui – bien que la fin laisse présumer qu’il n’en sera pas de même dans le tome 2 – mais néanmoins il est assez attachant. C’est un homme foncièrement gentil, doux, peu enclin au jugement – il semble très tolérant envers les juifs notamment –, responsable (veuf, il doit élever seul son enfant de dix ans) et talentueux. Son métier de souffleur de verre est décrit avec une telle poésie qu’il fait de lui une sorte de magicien, et donne à son personnage un caractère mystique et mystérieux. Etant également un ancien moine, et de part son métier d’artisan, il a possède beaucoup de relation et ainsi aidera Francesca dans ses diverses enquêtes.
J’aime beaucoup David Ben Eliezer aussi, un rebelle juif qui a la niaque et qui donnera tout le meilleur de lui même pour sortir son peuple, retranché dans un ghetto, de la misère. C’est un battant, il est fougueux, téméraire et s’il s’efface un peu trop à mon goût dans la seconde partie du livre, il est néanmoins d’une grande aide à Francesca dans la première. De plus, je doute que nous ayons fini d’entendre parler de lui. Il est, à mon sens, l’un des rivales de Rocco dans le cœur de notre héroïne, même si cette dernière ne le sait pas encore…
Sofia, la soigneuse juive, mérite également qu’on lui consacre un paragraphe. C’est une vieille femme, veuve, qui s’occupe d’un dispensaire au sein du ghetto juif de Rome. Elle possède un certain caractère, et c’est probablement ce qui lui permet de tenir au centre de toute cette misère qu’elle voit passer chaque jour dans son cabinet. C’est elle qui s’entremet entre David et Francesca en premier lieu, et qui les mènera à agir main dans la main.
Nous avons aussi Vittorio Romano, capitaine de la garde de Borgia, un homme au départ très froid, distant, bien qu’attentionné envers Francesca – qui pourrait être sa fille – se révèle être tolérant et profondément humain. Toujours là pour tirer Francesca du pétrin dans lequel elle se met, il est aussi bien conscient des risques qu’il prend pour servir Borgia. Il ferme les yeux sur beaucoup de choses, mais n’en devient pas pourtant, comme on pourrait s’y attendre, une brute épaisse qui ne fait qu’exécuter des ordres.
Quant à Rodrigo Borgia, bien qu’il demeure dans l’ombre du personnage de Francesca puisque c’est elle qui mène toute l’intrigue, n’est pas pour autant relayé au plan de personnage secondaire. C’est tout de même au sein de sa cour que tout se déroule, et l’on assiste ici à son ascension sur le trône de Saint Pierre. On remarquera à quel point il est perverti, bien moins pieux que la majorité de ses ouailles, il s’adonne à tous les plaisirs de la vie et sans la moindre retenu. On découvre qu’il est capable de tout, même du pire, pour parvenir jusqu’à ses fins. C’est un personnage dangereux, mieux vos figurer parmi ses amis. Pourtant, envers Francesca il se montre protecteur, et nous apparaît presque – j’ai bien dit presque – sympathique.
Il reste une foule d’autres personnages encore, mais j’ai peur de trop vous en révéler si je vous les présente maintenant. Sachez néanmoins qu’ils sont, comme ceux dont je vous ai fait le portrait plus haut, très complet et mérite qu’on s’attarde sur eux. Ne serrait-ce de par leur complexité.
Passons à l’intrigue maintenant, ou plutôt la double intrigue, car oui, il ya bien deux intrigues, distinctes mais pourtant très liées, qui rythment le roman. Je ne peux pas trop vous en dire, de peur de vous spoiler, mais sachez cependant que l’on ne s’ennuie pas. Il y a sans cesse des rebondissements, et le récit ne s’essouffle jamais. La perspective d’un second tome mouvementé se dessine également à la toute fin du roman et ça, on aime ! S’il y avait cependant un reproche à faire, ce serait au niveau de la seconde intrigue où il y a, peut-être, un brin de prévisibilité. Rien de bien méchant rassurez-vous, cela ne gâche en rien l’histoire et ne nous empêche pas d’être pris corps et âme dans la vague tumultueuse que nous propose ici Sara Poole avec Francesca empoisonneuse à la cour de Borgia. Un livre que je vous recommande chaudement !
Une dernière chose : pour ceux qui hésite à ce procurer le tome à cause du côté historique du roman, n’ayez crainte, rien de plombant ici, cela passe tout seul, la plume de Sara Poole est comme le morceau de sucre qui aide la médecine à couler, alors foncez !!
ON ADORE : L’univers, le contexte historique fourni et bien documenté, la double intrigue, les personnages
ON REGRETTE : rien.
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