lundi 21 avril 2014

Lili bouquine : Dracula de Bram Stocker


Titre en VO : Dracula
Editeurs : Pocket
Site de l’auteur : /
Ma note : 9/10
Quatrième de couverture :
Répondant à l'invitation du conte Dracula qui prépare son prochain voyage en Angleterre, Jonathan Harker découvre à son arrivée dans les Carpates un pays mystérieux. Un pays aux forêts ténébreuses et aux montagnes menaçantes. Un pays peuplé de loups dont les habitants se signent au nom de Dracula. Malgré la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu'éprouver une angoisse grandissante. Ce comte, qui contrôle son courrier et verrouille les portes de son château, ne se reflète pas dans les miroirs et se déplace sur les murs en défiant les lois de l'apesanteur... Jonathan Harker doit se rendre à la terrifiante évidence : il est prisonnier d'un homme qui n'est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres...

MON AVIS SUR LE LIVRE

En tant qu’amoureuse des vampires, je ne pouvais pas continuer plus longtemps sans lire la bible du genre, j’ai nommé : Dracula de Bram Stocker. De manière générale, on connaît assez bien Dracula. Prenez une personne lambda dans la rue, demandez-lui qui est Dracula, elle vous répondra sans hésiter, et cela même si elle n’a jamais lu le livre. Dracula est devenu un mythe, mais les mythes parfois sont quelque peu déformés, c’est pour cela que j’ai souhaité me pencher sur l’œuvre originale et ainsi connaître la véritable histoire du comte mystérieux des carapates qui fait trembler des générations.

Il existe de nombreuses adaptations, au cinéma ou dans la littérature. Je n’en ai vu aucune, si l’on exclu le Van Helsing Stephen Sommers, qui…en fait, n’a rien à voir avec l’œuvre de Stocker. Ou très peu. Je partais donc dans l’histoire avec une opinion assez neutre.

Si j’avais très envie de lire ce livre, il m’a toutefois fallu une petite motivation pour m’y mettre, et pour cela rien de telle qu’une lecture commune. Katia s’est lancée avec moi dans l’aventure et ce fut une formidable expérience. Nous avons partagé, tout au long de notre découverte de l’œuvre, nos impressions, nos sentiments. D’ailleurs, très souvent on se rejoignait sur certains points. Pour toutes les deux, cela a été une superbe lecture.

Pour tout vous dire, Dracula m’a fait perdre mon sommeil. Il y a une atmosphère pensante qui règne sur le roman dès les premières lignes. Des émotions fortes que parvient formidablement à nous transmettre Stocker au travers de son écriture. Le récit est construit de manière épistolaire, entrecoupée d’extrait de journaux intimes des divers personnages ou de coupures de presse. L’histoire, bien qu’étant raconté de manière indirecte puisque les faits sont relatés après coup, nous paraît en fait beaucoup plus réelle. Stocker a eu une idée de génie, surtout pour l’époque. Il a véritablement créé le mythe Dracula, en utilisant les journaux intimes, les conversations postales, ou les articles de journaux il l’a presque rendu réel. Plausible. Le lecteur croit aisément en son existence, ce qui ajoute une dimension véridique au récit. Par ailleurs, cela nous rapproche également énormément des personnages, ils nous paraissent plus intimes. Nous avons accès au cœur de leurs pensées, à leurs réflexions profondes. Cela permet aussi une alternance des points de vue, et une vision omnisciente de l’histoire.

La seule vision dont le lecteur est privé est bien entendu celle de Dracula. Le comte au final n’est que très peu présent. Physiquement tout du moins, car son influence est omniprésente. L’idée que le vampire se cache dans l’ombre et observe en silence les protagonistes perdure tout au long du roman. On a le sentiment qu’il surplombe le récit, qu’il voit tout, qu’il sait tout, qu’il contrôle tout. Et qu’il attend, dans le noir un sourire au coin de la bouche, de voir fléchir la bande de personnages que l’on suit. Dracula est malin, machiavélique, il est extrêmement puissant et ne semble craindre rien ni personne. Il est une menace et les personnages du livre s’uniront pour venir à bout de lui.

Nous suivons Jonathan, Mina, Abraham Van Helsing et Docteur Seward pour les principaux, dans leur entreprise d’empêcher le comte transylvanien de nuire. Chaque personnage a son importance dans ce roman. J’ai notamment beaucoup aimé Mina qui, en dépit de ses apparences de jeune femme frêle et fragile, se montre sans doute plus forte que tous les hommes de la troupe réunis. Elle incarne bien souvent leur lueur d’espoir. Elle fait preuve d’une extrême détermination et n’osera pas à déployer tous les moyens pour venir à bout du monstre. De plus, j’ai apprécié la manière dont Bram Stocker utiliser la jeune femme pour mettre en relief l’ineptie dont font preuve les hommes de l’époque – ou pas – de se croire supérieur aux femmes. J’ai d’ailleurs relevé une citation qui prête à sourire : « Ah, cette merveilleuse Madame Mina ! Elle a le cerveau d’un homme, d’un homme supérieurement intelligent, j’entends, mais le cœur d’une femme.» J’y vois une satyre de la suffisance de la gente masculine de l’époque, la dérision est ici évidente. Bram Stocker ne se gêne d’ailleurs pas, tout au long du roman a en faire usage.

Le roman est donc assez riche en émotions. L’atmosphère est horrifique et le rythme entrainant – malgré quelques longueurs –, le décor est remarquablement bien planté. Bram Stocker arrive très nettement à implanter son univers dans notre imaginaire. À la lecture, on entendrait presque les bruits de fond.

Le seul élément qui m’a déçu est le dénouement, je l’ai trouvé beaucoup trop rapide. Un sentiment de trop peu. Quelque chose me manque. J’aurais aimé que cela se déroule de manière différente. Je ne peux rien vous dévoiler sans vous spoiler mais j’avoue avoir été un peu déçue à la fin. Cela reste toutefois un formidable moment de lecture.

ON ADORE : L’univers développé – la manière dont l’auteur nous fait entrer dans son histoire – les personnages.
ON REGRETTE : La fin trop rapidement expédiée.


6 commentaires:

  1. J'avais également beaucoup aimé ma lecture. Un livre juste incroyable et flippant. Car comme tu le dis, Dracula n'est pas souvent présent physiquement, on sent plutôt sa présence tout du long... et ça pèse.

    Contente que tu aies apprécié ta lecture.
    Des bisous

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    1. Oui, cette présence sous-jacente fait selon moi la force du roman. C'est justement ce qui est flippant. On a la sensation qu'il nous observe dans un coin de la pièce...brrrr !

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  2. En effet, Dracula est le seul personnage dont on a pas le point de vue, et qui apparait uniquement à travers le point de vue des autres protagonistes. Mais c'est là tout le seul de la chose, qui a ceci dit peu été pris en compte au cinéma, hormis dans le premier des films avec Lee et Cushing : Le Cauchemar de Dracula.

    Ce point de détail aura également inspiré Fred Saberhagen, qui permis au compte de raconter sa propre version de l'histoire dans Les Confessions de Dracula.

    Par contre, j'imagine que la traduction de la version Marabout est toujours celle de Lucienne Molitor ? J'ai beau avoir découvert le roman via cette traduction, c'est loin d'être la meilleure (celle de Jacques Finné chez Pocket est de qualité autrement supérieure : http://www.vampirisme.com/livre/dracula-de-bram-stoker/).

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    1. Oui, je trouve d'ailleurs très intéressant que Stocker nous ait soustrait le point de vue de son personnage principal - si toutefois on peut réellement en définir un dans ce roman, ils sont tous d'une importance cruciale ! - cela donne une dimension terrifiante à l'ouvrage !

      Pour ma part, j'ai l'édition de chez Pocket et non celle de Marabout dont je me suis servie, c'est vrai, pour illustrer ma chronique (tout simplement parce que je la trouve très joli et que je n'ai pas trouvé l'illustration de ma propre version en bonne qualité sur internet ^^). J'aurais donc eu le droit à une meilleure traduction ? :p

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  3. Ah Dracula j'avais commencée à la lire au collège à la bibliothèque, et je viens de le racheter dans la version de chez Marabout.
    Je me souviens que j'avais la chair de poule lorsque je le lisais, dans cette bibliothèque très sombre et poussiéreuse et je suis sûre qu'aujourd'hui encore je serai toute frissonnante devant ses lignes =) Je pense que c'est vraiment un classique à lire si on veut vraiment connaître l'histoire originale, mais comme tu le dis je me souviens aussi de cette fluidité.
    J'ai vu l'année passé, Nosferatu de Murnau, un film muet, mais vraiment génial qui est la première version de Dracula au cinéma (en reprenant les noms de Stocker dans la version française mais n'est pas considérée officiellement comme une adaptation mais plus une inspiration, même si désormais reconnu comme la plus fidèle adaptation encore aujourd'hui). Pas si horrible que cela finalement, mais pour un premier film c'est vraiment pas mal du tout et finalement l'histoire est assez bien retracée, j'ai vraiment aimée et une ambiance du muet donne un certain malaise au spectateur.

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    1. Coucou ! Comme moi, tu n'es pas revenue indemne de ta lecture de Dracula :p

      Je n'ai pas encore vu d'adaptation au cinéma du roman, je suis assez intriguée par celle de Coppola.

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