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mardi 15 octobre 2013

Lili bouquine : Le cercle des confidentes de Jennifer McGowan


Titre en VO : Maids of secrets, book 1.
Editeurs : Milan Macadam
Site de l’auteur :
http://www.jennifermcgowan.com/
Ma note : 8/10
Quatrième de couverture :
Lady Megan est le premier tome de cette série très originale qu’est le Cercle des confidentes. Elles sont cinq. Cinq jeunes femmes aux talents extraordinaires. Cinq espionnes de la reine Elisabeth 1re d’Angleterre. Elles sont ses yeux, ses oreilles. Chacune est unique. Voici l’histoire de la première d’entre elles, Lady Megan ! Ce 1er tome a pour personnage principal Meg Fellowes, 17 ans et voleuse désabusée. Elle rejoint un groupe d’espions féminins au service de la reine. Résoudre un meurtre, sauver la couronne et peut-être tomber amoureuse… de nombreux défis attendent notre héroïne !

MON AVIS SUR LE LIVRE

Une intrigue au cœur de l’Angleterre élisabéthaine, un cercle d’héroïnes indépendantes et intrépides, de l’action, des complots et une pointe de romance : en d’autres mots, le roman auquel je ne pouvais échapper !

Jennifer McGowan nous propose, avec sa saga Le cercle des confidentes, de suivre cinq jeunes femmes triées sur le volet pour intégrer une élite d’espionnes au service de la reine Elisabeth Ière. Chaque tome de cette saga sera dirigé selon le point de vue d’une des cinq filles, tandis que ce premier volume est dédié à Megan.

Toutefois, bien qu’il soit principalement centré sur Lady Megan, le tome est aussi celui de la découverte à la fois du cercle des cinq jeunes femmes et de la formation d’espionne qu’elles vont équitablement recevoir. On apprend à connaître chacune d’entre elles. On perçoit d’ores et déjà leur tempérament, elles sont par ailleurs diamétralement opposées, ce qui ajoute du piquant au roman. Elles réagiront toutes différemment aux diverses situations qu’elles devront affronter. Elles ne seront pas toujours d’accord les unes avec les autres mais apprendrons rapidement qu’elles doivent se souder pour que leur entreprise soit menée à bien. Elles n’ont également pas toute les même facultés, aussi leur alliance fonctionne comme un puzzle où chaque pièce a son importance pour que le tableau soit complet.

Ce qui est aussi intéressant de constater, c’est l’évolution de leur implication dans les tâches qui leur sont confiées. Au départ, elles sont plus ou moins enrôlées de force dans cette unité d’espionnes, et en particulier pour Megan qui a horreur des chaines qui entravent son esprit libertaire, et elles vont petit à petit prendre des responsabilités et adopter le slogan suivant : « Dieu sauve la reine, ou nous nous en chargerons ! ». Elles prennent conscience à mesure que le roman se construit de leur rôle et de la nécessité de protégé la reine Elisabeth Iere, y comprit d’elle même. La reine est en effet jeune et absolument pas à l’abris des choix malencontreux qu’elle peut faire, notamment en ce qui concerne ses prétendants.

La présence d’Elisabeth, bien que demeurant un personnage secondaire dans Le cercle des confidentes, est quasi-omniprésente. La reine est constamment dans l’esprit des cinq confidentes et principalement dans celui de Megan qui sera chargé de la surveiller de près. De plus, les brèves apparitions qu’elle peut faire sont assez emblématiques. La reine est certes très jeune mais elle possède déjà cette force de caractère qui a fait sa réputation. On constate sa poigne de fer et sa vision tranchante des choses qui l’entourent. Elisabeth était loin d’être une souveraine idiote, au contraire ! Elle prend assez souvent seule ses décisions – ce qui avait tendance à inquiéter ses conseillés d’ailleurs – et se fie à son propre instinct.

Pour en revenir au personnage de Megan, dite Meg ou « la fouine », c’est au départ une jeune femme discrète quand aux sentiments qu’elle nous confie, à nous lecteur, mais qui, petit à petit va se dévoiler. On connaît d’elle son passé de fille des rues. Orpheline de père et de mère, elle a été élevée par son grand père qui a toujours valorisé sa débrouillardise et sa mémoire extraordinaire. Megan est, au début du roman, membre d’une troupe de théâtre des rues. Des voleurs et arnaqueurs qui durant les représentations urbaines vident les poches des spectateurs. Megan a la malchance de se faire arrêter par un homme de la reine qui lui laissera deux options : subir la loi ou accepter de devenir espionne. Megan n’a cependant pas été choisie au hasard, mais bien pour sa faculté particulière. Le don de Meg est celui de retranscrire n’importe qu’elle conversation – en anglais ou non – à la lettre prés. L'espionne a beau ne pas savoir très bien lire ou écrire, elle est capable d’emmagasiner une nombre impressionnant d’informations qui sera utile à son équipe.

Megan est une jeune femme de nature méfiante et ce trait de caractère lui servira au cours de l’intrigue. Elle ne se laisse pas avoir facilement et en particulier par le beau Rafe dont elle ne parvient à déterminer les intentions. L’intrigue s’enroule autour de la venue des espagnols à Windsor, la reine demandera à ses espionnes de démanteler le complot qu’elle soupçonne. L’enquête est assez mouvementée et les pistes, multiples. On s’y emmêle d’ailleurs parfois un peu les pinceaux, mais rien de bien méchant. Ce qui est néanmoins très appréciables, c’est le suspens constant et la surprise qui demeure à la fin. Pour ma part, je n’avais vraiment pas vu le coup de venir !

Un excellent roman donc ! Je vous le recommande chaudement si vous aimez les intrigues très entrelacées et si vous avez un faible pour l’atmosphère de l’Angleterre de la reine Elisabeth Iere.


Image provenant site internet de Jennifer McGowan


ON ADORE : La formation des espionnes – les 5 caractères différents que l’on nous propose – l’univers.
ON REGRETTE : de se sentir parfois un peu perdu dans l’intrigue.


dimanche 21 juillet 2013

Lili bouquine : La promesse des highlands de Hannah Howell

Titre en VO : Highland vow
Editeurs : Milady Romance (Pemberley)
Site de l’auteur : http://hannahhowell.com/
Ma note : 5/10
Quatrième de couverture :
Saura-t-elle gagner le coeur de son amour d’enfance ? Alors qu’elle n’est encore qu’une fillette, Elspeth Murray sauve la vie d’un chevalier, Cormac Armstrong. Sans le savoir, ce dernier ravit son coeur à jamais. Bien des années plus tard, c’est le même homme qui va la tirer des griffes d’un prétendant indésirable. La petite fille est devenue une jeune guérisseuse d’une beauté à couper le souffle. Hélas, Cormac est déjà promis à la cruelle et perfide Isabel Douglas. Elspeth va devoir se battre pour conquérir l’homme qu’elle aime et elle n’envisage pas une seule seconde de perdre.

MON AVIS SUR LE LIVRE

Des hommes en kilt, des jeunes filles en fleur, une romance semée d’embuche mais tellement passionnelle qu’elle nous fait exploser le cœur dans la poitrine. Check ! Avec La promesse des highlands de Hannah Howell, nous sommes exactement dans les sentiers pré-établis de la romance historique et cela ravira les inconditionnels du genre mais n’ira malheureusement pas jusqu’à bousculer les conventions.

Hannah Howell, auteure à best-seller spécialisée dans la romance historique mettant en scène des highlanders et reconnue en Amérique depuis plus de vingt ans, maitrise parfaitement son sujet. Le roman est réglé comme du papier à musique, néanmoins il m’a manqué une petite touche d’originalité. Un manque de modernité peut-être également, le roman a en effet été publié en l’an 2000 au Etat-Unis.

Il n’y a certes aucune prise de risque, toutefois l’intrigue suit parfaitement bien son cours, bien que manquant parfois de vraisemblance. Le livre se lit sans effort. Parfait pour un moment de détente. Les dénouements des différentes péripéties – car elles sont nombreuses, il est difficile de reprocher au roman son manque de dynamisme – sont parfois peu crédibles, ou trop surprenants pour que la pilule passe avec un simple trait d’eau claire. Cela résulte peut-être du comportement, ou du caractère des personnages et notamment de Cormac Armstrong et Elspeth Murray.
Comme c’est le cas pour de nombreuses romances, l’accent est placé majoritairement sur les protagonistes et sur la relation qu’ils entretiennent. Ici, nous découvrons donc l’histoire de Elspeth, fille du seigneur Murray, lord écossais, amoureuse depuis l’enfance de Cormac Armstrong, de huit ans son ainé. Les deux jeunes gens se sont rencontrés alors que Cormac, âgé de dix-sept ans, blessé, tentait d’échapper au clan Douglas qui l’accusait d’un meurtre qu’il n’avait pas commis. Elspeth, petite fille, a découvert le garçon et l’a ramener chez ses parents pour lui apporter des soins. Ils se retrouvent dix ans plus tard quand Elspeth est enlevée par un autre lord écossais, Sire Colin MacRae qui a décidé de l’épouser de force. Cormac prend l'initiative de secourir celle qui fit de même pour lui quand ils étaient plus jeunes, et à partir de ce moment commence la romance.

Elspeth est de nature assez têtue, elle est amoureuse de Cormac depuis le jour où elle l’a secouru, et lorsqu’elle tombe sur lui dix ans plus tard, elle fait le serment de conquérir son cœur à tout prix. Elle n’a cure qu’il soit dédié à une autre, elle compte bien, au cours de l’histoire, jouer de ses charmes pour se l’accaparer au détriment de la promise de Cormac. Elle est capricieuse, mais également douée d’un grand cœur. Elle n’est pas égoïste comme on pourrait se l’imaginer, elle est au contraire très généreuse et attentionnée. Elle est décrite comme une femme de caractère, entourée d’une aura bienveillante. Elle est presque trop mure pour son âge, tout en gardant cependant une espièglerie enfantine. C’est la personnalité fard du roman.

Cormac, quant à lui, est un personnage qui ne m’a pas particulièrement charmée. Je lui ai trouvé trop peu de relief. L’auteure tâche de faire de lui un homme fort, honnête et respectueux de ses engagements, mais je l’ai trouvé, pour ma part, extrêmement crédule et malléable. Il est borné, certes, mais se laisse facilement tenter, notamment en ce qui concerne Elspeth. Il manque parfois de fermeté, et lorsqu’il en fait preuve à quelques rares moments dans l’intrigue, cela semble absurde au lecteur. Comme si ses réactions n’étaient pas en adéquation avec les évènements. Il est également assez long à la détente et garde en lui une obsession difficilement compréhensible. Je n’ai pas vraiment accroché au personnage masculin de ce duo romantique, ce qui, dans le cas d’une romance peut se révéler assez problématique.

Pour conclure, La promesse des highlands n’est pas un mauvais roman. Je suis persuadée qu’il ravira les fans d’écossais en kilt et de romance historique en général. Toutefois, il ne sort pas des sentiers battus et n’apporte aucune originalité. Mais je vous en laisse seuls juges ;)

ON ADORE : Le personnage d’Elspeth
ON REGRETTE :
Les rebondissements parfois incohérents, peu crédibles – La personnalité de Cormac.


samedi 8 juin 2013

Lili bouquine : Le secret des Medicis de Theresa Breslin.


Titre en VO : The medicis seal
Editeurs : Milan Macadam
Site de l’auteur : http://www.theresabreslin.co.uk/
Ma note : 9/10
Quatrième de couverture :
Matteo s’est longtemps demandé qui il est vraiment. Sans famille, il a toujours vécu un peu à part. Un jour, un gentilhomme le prend sous sa protection. Avec lui, Matteo va tout apprendre, découvrir Florence, entrer à la cours des Médicis, rencontrer la mystérieuse Eléonore. En gardant, toujours accroché à la ceinture un mystérieux sceau, comme un secret autour de sa naissance.

MON AVIS SUR LE LIVRE

Le secret des Médicis est l’histoire d’un jeune garçon, Matteo, que l’on suivra durant huit années au cours de ce roman. Ce garçon est un lambda – plus ou moins, on apprendra cela au cours de notre lecture – qui croisera la route de quelques personnages historiques célèbres et qui nous permettra, par ce biais, de nous faire découvrir un brun d’Histoire. Car ce roman, si son personnage principal et l’intrigue qu’il relate sont purement fictifs, s’encre dans un contexte très réel et relativement bien documenté.

L’Italie au début du XVIe siècle subit de fortes tensions politiques, elle est d’ailleurs divisée en plusieurs cités-Etats qui chacune à leur tour tâchent d’imposer leur lois, et c’est à cela que les personnages du roman font face. Matteo se retrouve parfois au cœur de conflits décisifs, comme nombreux italiens de l’époque. On assiste aux prises de certaines villes, à la résistance de quelques autres. On constate le pouvoir que les seigneurs et les grandes familles telle que les Medicis, les Sforza, les Ferrare ou les Borgia ont sur le peuple italien et son territoire. On voit également se succéder les souverains pontifes et constatons leur différence quand à leur implication dans ces guerres de territoire qui font rage sur le sol italien. Nous est décrit principalement la volonté de Jules II (Pape qui succéda à Pie III qui lui même avait succédé à Alexandre VI (Rodrigo Borgia)) d’unifier l’Italie, il s’y prend d’ailleurs pas l’offensive et n’hésitera pas à créer diverses alliance pour y parvenir.

Sont imbriqués dans le roman quelques personnages célèbres dont un très présent : Leornard De Vinci. Matteo, dès les premières pages du livre, est recueillit par le peintre qui le prendra sous son aile. De Vinci éduquera le garçon sans famille, lui ouvrira des horizons qu’il n’aurait jusqu’alors jamais envisagés. Cette proximité avec le peintre nous permet d’entrer dans son intimité et de le découvrir sous un jour que l’on ne lui connaissait peut-être pas. On l’assiste dans la majorité de ses entreprises. On le suit dans ses curiosités médicales et son entêtement à vouloir comprendre le fonctionnement du corps humain, dans sa persévérance à vouloir faire voler les êtres humains grâce à la confection d’une machine volante qui n’aboutira jamais, ou bien dans la passion qu’il met à peindre. Nous faisons tla rencontre de Mona Lisa que De Vinci représentera sur sa toile avec une formidable délicatesse, à l’image de l’amitié que l’auteure prête aux deux personnages.

D’autres personnages historiques nous sont présentés dans ce roman dont César et Lucrèce Borgia, Machiavel, Michel-Ange, Louis II de France, Jules II est bien d’autres. Le secret des Médicis est riche de la situation de l’Italie au début de la renaissance, c’est un véritable tableau qui se dresse sous nos yeux. On assiste en effet au grands faits historiques, mais également au mode de vie des anonymes. La peste qui fait rage, la famine, la difficulté que les familles ont à s’en sortir, le ballotage dont elles sont victimes et qui n’est le découlement que de ces guerres entre grandes familles italiennes se disputant le territoire. Tout cela est incroyablement bien retranscrit dans Le secret des Médicis qui est véritablement un livre étonnant.
Pour finir, le personnage de Matteo est réellement attachant. C’est un petit garçon d’à peine une dizaine d’année au début de cette histoire, et le suivre durant huit ans nous fait tisser des liens avec ce dernier. C’est un jeune homme curieux, loyal, inventif, extrêmement courageux et juste. Sur lui flotte un grand mystère, et en cela réside l’intrigue principale, bien qu’assez estompée, du roman. Il gardera sur lui tout au long du livre un sceau, un sceau appartenant à la grande famille Médicis dont il ne sait rien. Un sceau qui se révèlera être la clé de cette histoire.

ON ADORE : Le contexte historique formidablement bien exploité – le lien privélégié que le lecteur créer avec des personnages historique comme Leornard De Vinci – la plume de l’auteure – le personnage de Matteo – le suspens autour du sceau, maintenu jusqu’à la fin.
ON REGRETTE : /


jeudi 23 mai 2013

Lili bouquine : L'Ecole de la nuit de Deborah Harkness


Titre en VO :Shadow of night
Editeurs : Orbit (Calmann-Lévy)
Site de l’auteur :
http://deborahharkness.com/
Ma note : 10/10
Quatrième de couverture :
L'historienne Diana Bishop, issue d'une lignée de sorcières puissantes et le vampire Matthew Clairmont ont violé les lois de séparation des créatures. Lorsque Diana a découvert un manuscrit alchimique magique à la Bodleian Library, elle a déclenché une lutte dans laquelle elle est devenue liée à Matthew. Maintenant la coexistence fragile entre sorcières, démons, vampires et humains est dangereusement menacée. Cherchant la sécurité, Diana et Matthew ont voyagé dans le temps pour se retrouver à Londres, en 1590. Mais ils réalisent vite que le passé n'est un havre de paix. Retrouvant son ancienne identité en tant que poète et espion de la reine Elizabeth, le vampire retombe avec un groupe de radicaux connus sous le nom de l'École de la Nuit. Beaucoup sont des démons rebelles, les esprits créatifs de l'âge, dont le dramaturge Christopher Marlowe et mathématicien Thomas Harriot. Ensemble Matthieu et Diana chercheront le Londres des Tudor pour trouver le manuscrit insaisissable, l'Ashmole 782, et la sorcière qui va enseigner à Diana comment contrôler ses pouvoirs remarquables.

MON AVIS SUR LE LIVRE

Vous vous souvenez peut-être de mon enthousiasme à l’égard du Livre perdu des sortilèges de Deborah Harkness, que je découvrais fin Décembre dernier et que je plaçais automatiquement parmi mes plus grands coup de cœur de 2012. La suite, L’école de la nuit a su me séduire de la même manière, voire même davantage.

Ce second tome est une suite directe du premier, et grâce à une ouverture in medias res, on nous plonge instantanément dans l’action. À la fin du Livre perdu des sortilèges, les protagonistes, Diana et Matthew, entreprenaient un voyage dans le temps afin d’aider Diana à comprendre le fonctionnement de ses propres pouvoirs, mais aussi de trouver plus d’informations sur l’Ashmole 782 toujours disparu et de comprendre la force de l’union du couple que forment les personnages principaux. Dès les premières pages de L’Ecole de la nuit nous sommes catapultés à Londres, au beau milieu de l’an 1590 où Matthew, notre vampire, a déjà vécu. Je suis particulièrement friande des voyages dans le temps, ils m’a toujours fascinés et j’aime les voir exploités dans la littérature. D’autant plus que la maitrise du contexte historique par l’auteure ajoute un éclat très réaliste sur le roman. On se croirait réellement au cœur de l’Angleterre Élisabéthaine – sans risquer d’attraper la peste ou que sais-je ? Le beurre et l’argent du beurre comme on dit, ce n’est pas beau ? –, en outre, l'époque nous est exposée à travers le regard de Diana, une jeune femme contemporaine comme nous, lecteur, qui devra s’adapter aux uses et coutumes de l’époque.

Malgré son doctorat en histoire, Diana se trouve bien des fois déconcertée. Les normes physiques de l’époque notamment lui causeront en premier lieu des problèmes. En effet, sa taille toute contemporaine détonne avec celle des femmes du XVIe, très menues. On la prend pour une armoire à glace, d’origine allemande peut-être – apparemment, les allemandes avaient la réputation d’être gigantesques et peu gracieuses – ce qui provoque au départ quelques railleries à son égard. Son accent également, très américain, paraît étranger aux gens de l’époque. Diana va aussi devoir apprendre à être une femme du XVIe siècle, ce qui échaude au départ la femme indépendante du XXIe siècle qu’elle incarnait jusqu’alors.

Il est d’ailleurs intéressant de constater la manière dont l’époque dans laquelle ils sont propulsés va s’infiltrer en eux, à la fois les dévier de leur route principale et en ouvrir d’autres. Aussi contradictoire que cela puisse paraitre, ils apprendront mieux l’un de l’autre dans l’Angleterre de la fin du XVIe siècle que dans l’époque à laquelle ils se sont rencontrés.

Diana évolue notamment beaucoup dans L’Ecole de la nuit, en tant que femme et en tant que sorcière. Elle se révèle à mesure de l’avancée de l’histoire, car si au départ, elle se rattachait à Matthew comme son seul repère dans un univers qu’elle ne connaissait pas, elle prend petit à petit son envole et emprunte le chemin qui la métamorphosera en la femme qu’elle était destinée à devenir. Au cœur d’un siècle où les femmes devaient une soumission respectueuse aux hommes, Diana s’émancipe bien plus qu’au XXIe siècle. Elle prend des décisions conséquentes pour son avenir, en apprend davantage sur sa magie, sur son passé et sur l’homme qu’elle aime également. Car Diana n’est pas la seule chez qui s’opère un curieux changement.

Matthew, dont on ne savait pas grand chose jusqu’alors, est rattrapé par son propre passé. Son caractère mue et devient assez énigmatique, notamment aux yeux de son épouse Diana. On découvre le vampire sous un autre jour, et lui même ne s’était pas attendu à une telle transformation. Ce tome nous dévoile de nombreux secrets que le personnage gardait alors bien enfouis en lui, on entre dans son univers, et avons un aperçu de cette part d’ombre dont il parle souvent. Diana, elle-même, apprend à connaître son mari et cette situation, d’ailleurs, va secouer leur couple à plusieurs reprises. Ils auront à traverser un certain nombre n’épreuves durant ce second tome, mais n’en ressortiront que plus forts.

Le voyage dans le temps est ici remarquablement exploité, c’est une véritable plongée dans l’Histoire. On y retrouve un univers concret – Diana, elle-même historienne constate que le passé n’est pas du tout comme il est raconté dans les livres, cette constatation rend l’aventure vraiment réelle et s’éloigne ainsi de la fable –, on y rencontre des personnages ayant existés comme Christopher Marlowe, Elisabeth Ier d’Angleterre, William Shakespeare pour ne citer que les plus connus. La découverte du XVIe siècle est également assez variée, puisque les personnages voyagent et nous montrent ainsi une plus vaste étendue de l’époque, puisque chaque emplacement géographique est régit par ses propres règles et selon un mode de vie bien précis. On vit différemment à Londres et au cœur de l’Auvergne, ou encore à Prague. Cette dimension du roman m’a semblée très intéressante.

On remarque également dans L’Ecole de la nuit une duplicité des intrigues. Certes, Diana et Matthew avaient entrepris ce voyage dans le temps avec un but très précis, mais en ont été plus ou moins déviés au fil de l’histoire. Ils sont confrontés à des problèmes qu’ils n’avaient alors pas envisagés et doivent en premier lieu les résoudre avant de se consacrer à leur quête initiale.

C’est un roman excellent qui suit la lignée du premier volume. On y trouve autant de rigueur dans le maniement de l’intrigue et des rebondissements, autant de maitrise dans les sujets exposés, autant de perfectionnement dans l’élaboration de l’univers et des personnages. C’est une perle ! Je le conseille à quiconque aime l’Histoire, le genre fantastique et les intrigues complexes et travaillées.

ON ADORE : La documentation de l’auteur – la plongée au XVIe siècle – les personnage et leur évolution – les différentes intrigues auxquelles ils sont confrontées – la plume de l’auteure.
ON REGRETTE : Quelques légères longueurs peut-être ?


samedi 13 avril 2013

Lili bouquine : Le livre perdu des sortilèges de Deborah Harkness

Titre en VO :A discovery of witches
Editeurs : Orbit / Le livre de poche
Site de l’auteur : http://deborahharkness.com/
Ma note : 10/10
Quatrième de couverture :
Diana Bishop est la dernière d'une longue lignée de sorcières, mais elle a renoncé depuis longtemps à son héritage familial pour privilégier ses recherches universitaires, une vie simple et ordinaire. Jusqu'au jour où elle emprunte un manuscrit alchimique : L'Ashmole 782. Elle ignore alors qu'elle vient de réveiller un ancien et terrible secret, et que tous - démons, sorcières et vampires - le convoitent ardemment. Parmi eux, Matthew Clairmont, un vampire aussi redoutable qu'énigmatique. Un tueur, lui a-t-on dit. Diana se retrouve très vite au coeur de la tourmente, entre un manuscrit maudit et un amour impossible.

MON AVIS SUR LE LIVRE

Inutile de vous faire patienter davantage, Le livre perdu des sortilèges de Deborah Harkness fut pour moi LE coup de cœur de l’année 2012 ! Il vint, à la toute dernière semaine de décembre, détrôner celui que je pensais jusque là être mon number one : Un jour de David Nicholls. Autant vous dire que ce livre a fait bien plus que me séduire, il m’a littéralement entrainée dans son monde, corps et âme. Il m’a couvert d’un plaid de mystères, de magie, d’alchimie et d’amour interdit duquel je ne souhaitais plus me découvrir. L’univers de Deborah Harkness est devenu le mien, ma référence du genre fantastique et les personnages, Diana et Matthew, presque des amis.

J’ai été réellement fascinée par l’univers que nous propose l’auteure, et particulièrement par son étendue. Si en plus de 800 pages, Deborah Harkness nous offre un bel échantillon, ce n’est que la partie visible de l’ice-berg. Il est évident, en lisant ses lignes, que l’écrivain nous réserve encore bien des surprises. Elle en dévoile suffisamment pour attiser notre curiosité, mais pas suffisamment pour l’étancher. Une promesse d’approfondissement toutefois est le moteur qui nous pousse à tourner les pages encore et encore.

Les bases de l’histoire, comme vous l’aurez compris, sont très bien travaillées. Bien pensées et suffisamment approfondies pour nous laisser dire que l’auteure maîtrise son sujet à la perfection. On voit également que Deborah Harkness, historienne et professeur en université, s’appuie sur des faits historiques, sur des données scientifiques et alchimiques (fictives ou non) pour draper son roman d’une atmosphère particulière qui, tout en gardant une dimension fantastique, reste ancrée dans le réel.

La mythologie employée ici par l’auteure ne diverge pas complètement des autres sagas fantastiques que l’on peut trouver en librairie, notamment en ce qui concerne les vampires qui, comme dans beaucoup d’histoires, boivent du sang, sont diablement séduisants et dotés de pouvoirs surnaturels impressionnants. Toutefois, c’est par l’intégration de ces créatures fantastiques dans la société humaines, et dans leur mode de vie que l’auteure parvient à se démarquer. Là encore, l’écrivain utilise la science, à travers les analyses de Matthew et la réflexion de Diana, pour nous expliquer qui sont les vampires de son roman. On peut notamment évoquer les recherches du vampire aux sujets des loups et qui démontre un étrange parallèle entre ces canidés et les suceurs de sang. On décèle ici peut-être un clin d’œil au Dracula de Bram Stoker qui pouvait à la fois contrôler les loups et se transformer à leur effigie. Les sorcières, quant à elles, sont regroupées dans des covens et se rapprochent des sorcières de salem – là encore, on remarque à quelle point l’Histoire influe sur le roman –, toutefois leur manière d’aborder la magie est intéressante et singulière. On le verra particulièrement dans le tome suivant avec des entrainements à l’art de la sorcellerie bien particuliers. Il existe également une autre race fantastique dans Le livre perdu des sortilèges : les démons. Un mystère est placé sur leurs têtes puisqu’on ignore presque totalement ce qu’ils sont et d’où ils viennent. Ils semblent d’ailleurs avoir beaucoup de mal à trouver leur place, que ce soit parmi les autres créatures ou les humains. Ils représentent les parias en quelques sortes et l’auteure joue beaucoup sur ce point là.

Un contexte général aiguisé, construit à l’image des personnages, eux aussi très soignés. Diana et Matthew sont une vraie force pour le roman. Ils apportent chacun à leur manière leur pierre à l’édifice et n’ont aucun mal à nous embarquer avec eux dans leur entreprise.

Diana est un personnage intéressant car, comme nous, elle est vierge de ce monde fantastique. Si elle possède quelques bases de par ses origines de sorcière, ses années d’isolement par rapport à son héritage magique lui valent quelques lacunes. Elle réagit souvent de manière très rationnelle, tout en gardant conscience des données fantastiques qui l’entourent et qui, quoi qu’elle souhaite, font partie de sa vie. Diana est une jeune femme érudite, elle est titulaire d’un doctorat et effectue, au début du roman, des recherches pour sa prochaine publication. Sa vie va complètement basculée le jour où, à la bibliothèque bodléienne d’Oxford, elle tombe sur un manuscrit disparu depuis plus de 150 ans. L’ouvrage semble étrangement obéir à son toucher alors que personne, depuis lors, n’avait réussi à mettre la main sur l’Ashmole 782, mystérieux manuscrit contenant, vraisemblablement, des secrets inimaginables sur l’origine des trois races fantastiques : sorcière, démon et vampire. Diana est rapidement rattrapée par son passé, puisque son contact avec le livre fera d’elle un véritablement aimant à créatures paranormales, ainsi elle se retrouvera confrontée à des pouvoirs qu’elle avait jusqu’alors enfouie au fond d’elle.

À ces côtés, nous retrouvons Matthew Clairemont. C’est un vampire, un très vieux vampire puisqu’on apprend notamment qui a participé aux Croisades, qui entre en relation avec Diana Bishop, au début du livre, dans l’optique se de procurer l’Ashmole 782 qu’il convoite comme environ 90% des créatures présentent dans ce roman. Mais très vite, son attirance immédiate pour Diana vient changer la donne et dès lors, il n’est plus capable d’agir en sa seule faveur. Il se place rapidement comme le protecteur de Diana et veillera sur elle le temps qu’elle prenne conscience de ce qui lui arrive. Si ce tome-ci ne nous offre pas beaucoup de révélations au sujet du personnage de Matthew, on se prend à lui faire confiance, au même titre que Diana, malgré l’ombre qui plane sur sa personne. Le caractère du vampire est un vrai paradoxe, il est à la fois impulsif et posé, autoritaire et attentionné, il est doué d’un charisme fou et pourtant rongé d’un cruel manque de confiance en soi. Il est fait, comme dirait l’autre, de cinquante nuances.

Ces deux personnages pourtant radicalement opposés, déjà de part leur nature présumée incompatible, se complètent à la perfection. Leur couple est une osmose, il est d’ailleurs, à l’intérieur même du roman, comparé à une allégorie alchimique assez forte. Diana et Matthew incarnent la pièce maîtresse du roman, et c’est, bien évidemment, autour d’eux que va graviter l’intrigue dont les différents éléments s’accumulent comme les pièces d’un puzzle qu’il nous faut rassembler avec les héros.

Deborah Harkess nous ouvre les portes sur un univers détonnant qui ne demande qu’à être davantage découvert. Une lecture envoutante que je recommande à toute personne qui aime la bonne littérature fantastique !

ON ADORE : L’univers extrêmement fouillé – les personnages – l’intrigue – la plume de l’auteur
ON REGRETTE : /


samedi 6 avril 2013

Lili bouquine : Délicieuse Effrontée de Victoria Dahl


Titre en VO : To tempt a scotman
Editeurs : Milady Romance
Site de l’auteur : http://victoriadahl.com/
Ma note : 10/10
Quatrième de couverture :
Alexandra Huntington attire toutes les convoitises. Lorsqu’un duel coûte la vie à un de ses prétendants, la belle fuit les mondanités. Mais Collin Blackburn, le frère de l’infortuné, a juré de le venger. Alors qu’il rend visite à Alexandra pour luisoutirer des informations sur celui qui l’a tué, elle tombe sous le charme du ténébreux Écossais. Malgré ses réticences, il est envoûté par cette jeune femme indépendante au caractère bien trempé. Collin peut-il vraiment succomber à la tentation et céder aux avances de celle que son frère a aimée jusqu’à son dernier souffle ?

MON AVIS SUR LE LIVRE

Victoria Dahl nous offre avec Délicieuse Effrontée une romance historique assez rythmée. En à peine 440 pages, l’auteure parvint à nous embarquer totalement dans son univers au cœur de l’Angleterre victorienne. Elle nous propose ici d’assister à la naissance de la relation entre les deux personnages radicalement opposés, mais incroyablement compatibles que sont Alexandra Huntington et Collin Blackbrun.

De réputation sulfureuse, Alexandra est une jeune femme issue de la haute société qui semble faire tourner bien des têtes, et notamment celle de John Tibbenham qui, environ un an avant le début de l’histoire, provoqua en duel un des prétendants de l’intrépide héritière et qui y trouva la mort.En dépit de cette ombre sur son passé, Alexandre mène une existence rêvée. Son frère, très concilient avec elle ne la force pas à prendre un mari. Elle profite de sa liberté et la revendique. C'est une femme forte et ambitieuse, qui travaille d'ailleurs pour l'entreprise de son frère, au même tire que l'aurait fait un homme. Elle n'a pas peur de bousculer l'opinion public et se fiche du regard des autres, sauf, bien sur, de celui du mystérieux écossais qui passera sa porte au début du livre.

Collin Blackburn, quant à lui, est un éleveur de chevaux écossais qui, malgré son origine modeste, est parvenu à amasser une certaine fortune. C’est un homme fier, travailleur et assez discret. Il est également le demi-frère du défunt John Tibbenham duquel il veut rétablir l’honneur et traîner en justice le meurtrier, jusqu’alors introuvable. C’est donc cette sombre histoire qui se chargera de rapprocher nos deux héros.

Collin, bien qu’immédiatement séduit par la jeune femme, devra mettre de côté ses a priori, revoir ses positions et accepter que la vie n’est pas toute blanche ou toute noire. Alexandra, quant à elle, apprendra à payer le prix de ses frivolités passées, et prendra aussi quelques leçons d’honnêteté.

Ces deux êtres diamétralement opposés et pourtant irrésistiblement attirés l’un par l’autre devront s’apprivoiser pendant une bonne partie du roman pour le plaisir de nos yeux. Chacun devront faire des concessions et payer des prix qu’ils n’avaient jusqu’alors jamais envisagés. Ils devront apprendre à réprimer leur mauvaises manies et bousculer leurs habitudes pour assainir leur relation qui, malgré leur amour indéniable et déchiffrable dès les premières pages, ne connaît pas que des bons jours.

Nous verrons d’ailleurs que les rumeurs et autres quiproquos sont la cause principale de leur soucis. Victoria Dahl leur a laissé une place très importante au cœur de ce roman. Nous constaterons que l’homme est facilement corruptible et qu’il écoute bien trop souvent ses propres préjugés avant de chercher la vérité. Les on-dit auront un impact considérable et presque dramatique sur le couple d’Alexandra et Collin, tout l’enjeu de l’histoire est de savoir s’ils parviendront à les vaincre.

J’ai beaucoup apprécié de voir ce côté de l’intrigue amoureuse nous être exposé. La liaison des deux personnages a beau être passionnelle, elle n’est pas toute rose pour autant. Victoria Dahl nous montre que l’amour à la possibilité d’être la plus belle chose du monde, mais qu’il peut aussi être la pire. Elle nous prouve que même un sentiment aussi pur – que surtout un sentiment aussi pur, devrais-je dire – peut être entaché par de la méchanceté simple et purement humaine. De l’amour peut parfois découler jalousie et méfiance, comme autant de passion. C’est ce qui m’a beaucoup touché dans Délicieuse Effrontée.

La romance prend beaucoup de place dans le livre, c’est vrai, cependant Victoria Dahl ne néglige pas la part d’action qu’elle a choisie d’implanter dans son histoire. Les personnages devront faire face à leur passé tôt ou tard et affronter des situations périlleuses desquels ils ne se dépêtre qu'avec justesse. On retient son souffle à plusieurs reprises, notamment dans la deuxième partie du roman qui devient purement et simplement addictive.

Délicieuse Effrontée, un livre qui se dévore autant qu’il se savoure. Un ouvrage qui nous offre douceur et acidité et que l’on referme avec le sourire jusqu’aux oreilles. À lire !

ON ADORE : Les personnages et leur relation – le développement de certains sujets comme l’ubiquité des quiproquos, les revers d’une liaison amoureuse et l’importance du passé dans les choix avenir de chacun.
ON REGRETTE : Que l’histoire s’arrête à un seul tome !


lundi 18 mars 2013

Lili bouquine : La Maîtresse de Rome de Kate Quinn


Titre en VO : Mistress of Rome
Editeurs : Presses de la cité
Site de l’auteur : http://www.katequinnauthor.com/
Ma note : 8/10
Quatrième de couverture :
Jeune esclave juive soumise aux caprices de l'arrogante Lepida Pollia, sa maîtresse, Thea connaît pour la première fois le bonheur dans les bras du gladiateur Arius le Barbare, la nouvelle coqueluche de Rome. Mais leur idylle attise la jalousie de Lepida, qui s'emploie de son mieux à les séparer. 
Cette dernière n'est pas le seul obstacle à se présenter sur la route des deux amants. Grâce à ses talents de musicienne, la belle Thea ne tarde pas à être remarquée de l'aristocratie romaine... et d'un dangereux admirateur : l'empereur Domitien, un homme brillant mais cruel qui en fait sa favorite. Devenue la femme la plus influente de Rome, Thea doit plus que jamais garder son amour pour Arius secret.

MON AVIS SUR LE LIVRE

Si vous recherchez l’évasion, je ne peux que vous conseiller La Maîtresse de Rome de Kate Quinn. C’est une véritable épopée dans laquelle nous plonge l’auteure. Elle nous embarque pour la tumultueuse Rome antique avec ses combats de gladiateurs, ses affrontements de fauves, ses banquets pantagruéliques, ses enjeux politiques, et ses codes sociaux.

Avec cela, l’auteure nous sert toute une palette de personnages plus déterminés et forts de caractère les uns que les autres. Chacun mène sa propre bataille mais ne cesse de se mêler aux autres aux travers des diverses intrigues qui ponctuent le roman. Kate Quinn nous expose ici plusieurs destins qui, bien que très différents au départ, s’entrecroisent constamment et font la force de son livre.

Chaque personnage que crée Kate Quinn possède sa personnalité propre ainsi qu’une réelle profondeur. L’auteure ne se contente pas de gratter la surface, elle creuse profondément et nous livre des figures aux caractères minutieusement définis. Elle va également jusqu’à exploiter des personnages historiques en les appropriant à son histoire.

Le personnage de Thea, bien que n’étant pas le seul protagoniste, est le point central de l’histoire. Le terme choisi pour le titre, « Maîtresse de Rome », la désigne sans le moindre doute. Il ne fait que souligner la force de volonté de la jeune femme, sa capacité à rebondir, à s’adapter à n’importe quelle situation qui lui ait imposée et surtout à survivre au milieu de cette arène aux lions qu’est la Rome antique. Ce titre montre que quelque soit les chaines qui nous entrave, libre à nous de savoir les briser, et d’en faire un force plutôt qu’une faiblesse. Thea nous prouve que peu importe le dénigrement dont on est victime, peu importe qu’on ne soit guère plus estimé qu’un animal, ce qu’il ne faut pas perdre de vue est notre propre vision de nous même. Ne pas laisser les autres l’influencer. Toujours se valoriser plutôt de s’automutilé. Tout être humain a de la valeur, si toutefois il parvient à se l’accorder à lui-même et à la défendre envers et contre tous.

Le récit est riche également de ses rebondissements. Quinn ne cesse de nous surprendre en nous imposant des situations toutes plus incroyables les unes que les autres. Elle nous entraine dans son histoire corps et âme. Nous vivons aux côtés des esclaves, des gladiateurs, des empereurs et des membres de la haute société romaine pendant 500 pages palpitantes. L’auteure sait nous surprendre et nous fait retenir notre souffle à de nombreuses reprises tant la tension est parfois intense.

Kate Quinn ne nous accorde aucun moment de répit et tient un rythme endiablé tout au long du roman. Un roman d’aventure, une vraie épopée qui, bien que gardant quelque fois le manque de vraisemblance propre au genre, nous entraine dans un autre monde et nous fait rêver. Ainsi, il ne nous reste plus qu’à fermer les yeux pour que l’aventure continue.


ON ADORE : Les personnages très fouillé – Les différents destin qui nous sont exposés – les rebondissements palpitants – le rythme effréné du roman.
ON REGRETTE : /


Lili bouquine : L'Entreprise des Indes de Erik Orsenna

Titre en VO : L’entreprise des Indes
Editeurs : Fayard / Le livre de poche
Site de l’auteur : http://www.erik-orsenna.com/index.php
Ma note : 9/10
Quatrième de couverture :
Les bateaux ne partent pas que des ports, ils s'en vont poussés par un rêve. Bien des historiens ont déjà commenté et commenteront la Découverte de Christophe et disputeront de ses conséquences. Étant son frère, celui qui, seul, le connaît depuis le début de ses jours, j'ai vu naître son idée et grandir sa fièvre. C'est cette naissance, c'est sa folie que je vais raconter.

MON AVIS SUR LE LIVRE
Le récit d’Erik Orsenna est extrêmement dense, et non pas seulement en terme de vocabulaire ou d’idées, mais aussi et surtout dans les anecdotes qu’il relate.

L’Entreprise des Indes est un véritable tableau où l’on discerne une kyrielle de personnage tout à fait particulière. Le livre est riche des situations et de figures originales qu’il exploite.

C’est presque une peinture qui nous exposerait toute la fin du XVeme siècle, et bien que la majeure partie du récit se déroule à Lisbonne et que le point de vue reste constamment celui du protagoniste, Bartolomé Colomb, on a presque l’impression de faire le tour du globe. Que ce soit à travers les fabulations de Christophe, frère ainé de Bartolomé et connu aujourd’hui comme le découvreur de l’Amérique, ou bien à travers l’art de la cartographie auquel a été initié le narrateur et qui sera le sujet du premier tiers du livre.

Ainsi, Erik Orsenna parvint à nous dépeindre quelques-uns des grands bouleversements de cette fin de siècle. On assiste, en premier lieu, à tout le cheminement de la grande entreprise de Christophe Colomb. On nous parle de sa détermination, de ses croyances, des recherches qu’il a du faire, des alliances qu’il a du soudées et tout ce qui a permis à son périple fou de se réaliser. On voit également du coin de l’œil l’Inquisition menée par la reine d’Espagne, Isabelle la Catholique, et notamment, la migration forcée des juifs hors du territoire espagnol. Entre autres choses.

Outre ces grands instants d’Histoire, Orsenna a su dresser un décor extrêmement riche. Il ne néglige aucuns détails lorsqu’il évoque particulièrement la population de Lisbonne et l’affluence de son port qui fascine le personnage de Bartolomé. Il décrit également l’éducation de l’époque, les idées véhiculées par l’église (une terre plate, notamment) qui sont ancrées dans l’opinion publique comme des vérités absolues et que le personnage principal qualifie de « Sainte Ignorance », mais aussi la place que tentent difficilement la science et le savoir – jugés impie à l’époque puisque demeurant en contradiction avec les prêcheurs de la Bible – de se faire dans la société de la fin du Moyen-Âge.

La documentation d’Orsenna pour son roman est indéniable et c’est un réel plaisir à la lecture. Certes, L’Entreprise des Indes est plutôt romancé mais il s’appuie sur des faits bien précis et une connaissance de l’époque très enrichissante.

Ajoutons à cela un style très plaisant, et ce, malgré les quelques longueurs que j’ai pu décelé.

En sommes, L’Entreprise des Indes est le récit d’une fin d’époque, il est le témoin de la naissance de la civilisation que l’on connaît aujourd’hui. À travers les ambitions d’un navigateur un peu fou, on assiste aux progrès qui ont façonnés notre société et permis l’éveil du Savoir.

Un livre que j’ai trouvé réellement passionnant.

ON ADORE : La documentation sur laquelle s’appuie l’auteur pour construire son récit – Le choix de Bartolomé comme narrateur – les différents tableaux que nous offre l’auteur à la lecture – Le style.
ON REGRETTE : Quelques longueurs.


dimanche 16 décembre 2012

Lili bouquine : Highlanders, t.1 "La malédiction de l'elfe noir" de Karen Marie Moning

Titre en VO : Beyond the highland mist
Editeurs :J'ai lu
Site de l’auteur : http://www.karenmoning.com/kmm/

Ma note : 5/10
Quatrième de couverture : Au XVIe siècle en Ecosse, Hawk est célèbre pour sa beauté et sa force guerrière. A la cour de Faërie, le roi et son fou, Adam Black, jaloux de Hawk qui a séduit la reine Aoibheal, tentent de trouver une femme d'une beauté parfaite qui ne se laissera pas séduire par Hawk. Adrienne de Simone est alors enlevée du XXe siècle et se retrouve en 1513.

MON AVIS SUR LE LIVRE

Qui me connaît bien sait mon attachement aux pays de légendes, comme l’Irlande ou l’Ecosse. Dotée d’un esprit rêveur, je ne peux que m’emballer lorsqu’on évoque les Highlands, les kilts, les doux airs de cornemuse, les plaines d’herbes hautes et vivaces, les shortbreads…(oui, non, là, je m’égard :p), aussi ne pus-je m’empêcher de tendre l’oreille lorsque la toile s’est mise à parler de la seconde série de Karen Marie Moning, très simplement nommé Les Highlanders, histoire de vous mettre correctement l’eau à la bouche. Très enthousiaste à propos de cette nouvelle saga, je me suis procurée les deux premiers tomes dans la même foulée, j’ai ensuite dévorée le premier La malédiction de l’Elfe noir presque en une seule bouchée, et si j’ai passé un agréable moment à la lecture, je n’en garde pas vraiment un souvenir impérissable. Ainsi, mon avis sur ce livre est plutôt mitigé.

Ce roman est pour moi uniquement destiné à la détente. Ce n’est pas un mal en soi, il est parfois très agréable de seulement se poser dans un fauteuil et d’ouvrir un livre où il n’est pas dérangeant pour la compréhension de l’histoire de laisser son esprit en pause, néanmoins, ce serait mentir que de vous dire que le roman m’a transcendée, ou voire même marquée.

L’écriture est fluide, cela se lit tout seul et le récit est plutôt attractif. L’univers développé est également assez sympathique et saupoudré d’un humour cocasse appréciable, ce sont là, cependant, les seuls points positifs que je peux énumérer pour La malédiction de l’Elfe noir.

J’ai trouvé l’ensemble un peu trop kitch et truffé de clichés.

Prenons en premier lieu la base du roman : la rencontre entre deux personnages de pays et d’époques totalement différentes. Nous avons d’un côté Hawk, grand seigneur écossais du XVIeme siècle, majestueux dans son kilt et fier sur son valeureux destrier, et Adrienne, jeune femme un peu perdue et écoeurée par la gente masculine, appartenant à la fin du XXeme, de l’autre. C’est plus qu’un choc des cultures, cela pourrait presque provoquer un nouveau Big Bang, seulement voilà, si l’idée est assez bonne, elle est plutôt peu exploitée.

Les personnages, et en particulier leur relation, constituent, pour moi, un cliché à eux seuls. Hawk, fier, exigeant, autoritaire, peu habitué à ce qu’on lui dise non. Adrienne, détruite, possédant une aversion claire pour les hommes, naïve – trop pour que cela soit crédible en passant – et trop mollassonne à mon goût. Le tableau ne me paraît pas très original, et vous ? D’autant que la malédiction de l’Elfe noir consistait à choisir une femme qui aurait suffisamment de force de caractère pour résister à Hawk et qu’à mon sens, Adrienne n’était pas la candidate idéale pour le poste. Certes, son dégoût des hommes a donné du fil à retordre à notre beau lord écossais, mais elle n’a fait que résister à l’attraction sexuel qu’il excerçait sur elle, j’aurais aimé voir une femme plus forte, plus rebelle et qui n’aurait pas la langue dans sa poche, plutôt qu’Adrienne, trop fade à mon sens.

Vous l’aurez compris, je n’ai ressentis aucune attache pour le personnage d’Adrienne, ce qui me laisse si perplexe. Son passé, selon lequel elle aurait été abusée par un homme riche, prise et jetée comme un vulgaire mouchoir, un homme qui ne voyait aucun intérêt en elle, pas même sexuel, mais qui lui aurait tout de même fait du mal – Comment ? On ne sait pas. – me paraît décousu, et, encore une fois, bien peu crédible. Tout comme sa manière d’agir avec Hawk et son intégration au XVIeme siècle

En d’autres termes, je n’ai été séduite que par l’univers de ce roman, ce pourquoi je me risquerais à lire le tome 2 avant de prendre la décision de continuer, ou bien au contraire d’arrêter la série.


ON ADORE : L’univers.
ON REGRETTE :Des personnages trop lisses et peu crédibles – des clichés – le manque de surprise dans le dénouement.


samedi 15 décembre 2012

Lili bouquine : Lucrèce Borgia de Victor Hugo

Titre en VO :Lucrèce Borgia
Editeurs : Pocket
Site de l’auteur :
/
Ma note : 10/10
Quatrième de couverture : «C'est donc lui! il m'est donc enfin donné de le voir un instant sans péril! Non, je ne l'avais pas rêvé plus beau! Ô Dieu! épargnez-moi l'angoisse d'être jamais haïe et méprisée de lui. Vous savez qu'il est tout ce que j'aime sous le ciel!» Lucrèce Borgia, cette femme sans scrupules dont le nom est honni par l'Italie tout entière, cette femme qui a commis les crimes les plus horribles, adultère et incestueuse, cette femme aime, plie et tremble devant un homme: son fils. Mais elle a beau essayer de la repousser, la fatalité les rattrape toujours, jusqu'au terrible dénouement que rien ni personne ne pouvait empêcher... La vie de cette duchesse de Ferrare (1480-1519), qui fut en réalité un instrument politique aux mains de son père et de son frère, inspira à Victor Hugo l'une de ses plus belles tragédies.

MON AVIS SUR LE LIVRE


Pour ma part, je trouve qu’il n’a pas meilleur façon de retrouver goût aux classiques que par le biais d’une pièce de théâtre. C’est souvent très rapide à lire, assez fluide et nous n’encourons pas le risque d’être pris dans un tumulte de descriptions incessantes. C’est, autrement dit, une valeur sûre.

Je me suis plongée dans cette tragédie, Lucrèce Borgia de Victor Hugo, car j’avais envie d’en lire davantage au sujet de cette famille de la Renaissance italienne qui a fait couler beaucoup d’encre (et de sang également), mais aussi parce que j’apprécie la plume de Victor Hugo. Un auteur qui, selon mon point de vue, figure parmi les plus grands. Pour ne pas dire LE plus grand auteur français. Il est, pour moi, celui qui incarne notre patrimoine et dont les histoires – Les misérables, Notre Dame de Paris, pour ne citer que celles-ci – ont touché énormément de personnes et ce, dans le monde entier. Les textes de Hugo traversent les ans presque sans vieillir, un peu dans le genre de Voltaire, ou bien de Molière, à la droite desquels il se trouve assis au temple de la littérature francophone. J’aime également la dimension politique, sociologique sans en avoir l’air (ou du moins pas toujours) que prennent ces écrits, et également le fait que l’écrivain ait touché à tout. Poète, dramaturge, écrivain, il en a fait pour tous les goûts.

C’était un homme qui avait des idées et qui savait les revendiquer, quitte à ce que cela lui porte préjudices. Peu ignore les vingt ans d’exil qu’il a récolté pour s’être opposé à l’empereur Napoléon III, et j’en suis d’autant plus fascinée lorsque l’on constate sa témérité. Jamais il n’a renier ces idées, quoi qu’il lui en coute. C’est aussi pour cela que j’aime Victor Hugo.

Mais ceci résulte d’un tout autre débat que ce dont je dois vous parler ici. Lucrèce Borgia fut donc une très bonne découverte, très facile d’accès et vraiment intéressante.

La pièce n’est absolument pas à prendre sous le point de vue historique, cela n’est en aucun cas un documentaire, et n’en a pas la moindre prétention. Et si parmi la liste des personnages nous en retrouvons certains ayant réellement existés, comme Lucrèce Borgia (fille reconnue du pape Alexandre VI) et son troisième époux Alphonso d’Este par exemple, ils auraient pu être remplacés par des personnages fictifs assez aisément, cela n’aurait fait aucune différence.

Vous l’aurez peut-être compris, le sujet principal de ce drame n’est pas la fille du pape Alexandre VI. Le but de Victor Hugo n’était pas de faire une biographie, ni même de nous faire part d’un bref épisode de la vie de Lucrèce. Je soupçonne d’ailleurs tous les éléments de la pièce d’être purement fictifs. Le sujet véritable de Lucrèce Borgia, celui qui m’a sauté aux yeux tout du moins, est l’importance que l’on porte aux préjugés pour construire un jugement.

Ainsi, je pense que Hugo a choisi d’utiliser la notoriété des Borgia, dont les rumeurs à leur sujet vont bon train, même encore aujourd’hui, pour donner plus de texture à son développement. Pour fournir au lecteur quelque chose de solide à se mettre sous la dent en quelque sorte, quelque chose de concret. Et si le drame aurait parfaitement fonctionné avec des personnages inventés de toute pièce, je suppose néanmoins que l’impact n’aurait pas été le même.

Le personnage central, Gennaro, est aveugle du début jusqu’à la toute fin de l’œuvre, et en cela réside tout l’intérêt du texte. Il se laisse guider par les rumeurs, les on-dit, et ne prend pas le temps d’observer la réalité qui l’entour pour édifier ces propres idées. Il hait une femme qu’il n’a, pour ainsi dire, jamais rencontré, il clame à qui veut bien l’entendre sa répulsion pour Dame Lucrezia Borgia dont il ignore tout en réalité. L’absurdité d’un tel raisonnement accentuera la fatalité de la pièce.

De l’autre côté, nous avons Lucrèce Borgia, consciente du dégoût de Gennaro (un être qui lui est cher depuis leur rencontre au début de la pièce) qui tâchera de se remettre en question, de comprendre la répugnance que peuvent avoir les gens – et spécialement Gennaro – à son égard. Ainsi, la rétrospection, dont fait preuve la fille du pape, est également mit en avant comme sujet principal.

Victor Hugo inclut également nombreux sujet, duquel il parle très brièvement, comme la cupidité des hommes notamment grâce à cet échange de répliques entre Lucrèce et son bras droit Gubetta :

« Je suis un de leurs meilleurs amis. Je leur emprunte de l’argent.
— De l’argent ! Et pour quoi faire ?
— Pardieu ! Pour en avoir. »


Il nous parle également des relations hommes/femmes de toute nature, du vice en général, du fait que les hommes ont la fâcheuse tendance à voir la paille dans l’œil d’un autre et non la poutre dans le leur, du mensonge qui régit la vie de chacun et j’en passe et des meilleures. Autrement dit, bien que certains sujets ne soient qu’effleurés en surface, Lucrèce Borgia est une pièce plutôt riche. Une pièce qui fait réfléchir de la même manière que le ferait une remarque anodine dite par un ami et qui ferait tourner les engrenages dans notre caboche jusqu’à y voir plus clair à ce sujet. Hugo ne nous donne pas les réponses toutes prémâchées et c’est cela que j’aime beaucoup.

En parallèle nous retrouvons l’écriture fluide et poétique de l’auteur qui, pour ma part, m’a vraiment enchantée, ainsi que tous les éléments réunis ici pour créer une belle tragédie. Empathie pour les personnages – même les plus sombres –, quiproquos, fatalité. Tout est là pour nous faire passer un bon moment.
Un classique que je recommande chaleureusement donc !

ON ADORE : Les idées développées, la construction du récit, les personnages, la plumes de l’auteur.
ON REGRETTE :Le spoiler dans la liste des personnages en début de pièce (NE LA REGARDEZ PAS !!!)


jeudi 25 octobre 2012

Lili bouquine : Francesca, La trahison des Borgia de Sara Poole

Titre en VO : The Borgia betrayal
Editeurs :MA Editions
Site de l’auteur :
http://www.sarapoole.com/
Ma note : 8/10
Quatrième de couverture : Été 1493. Rodrigo Borgia, désormais Alexandre VI, est pape depuis près d'un an. Hantée par les fantômes de son passé, Francesca, qui a joué un rôle crucial dans son ascension au trône de Saint-Pierre, doit à présent faire en sorte qu'il y reste. Étant l'empoisonneuse de la plus tristement célèbre et de la plus dangereuse des grandes familles italiennes, cette maîtresse de la mort va affronter moult périls, intrigues et duperies qui menacent d'éteindre la lumière de la Renaissance. Alors que le danger l'encercle de toutes parts, Francesca élabore un plan désespéré, mettant sa propre vie en danger. Elle va se confronter à la folie d'un homme bien décidé à détruire tout ce qu'elle s'est engagée à protéger. Des cryptes cachées de la Rome du XVe siècle à ses rues grouillantes, pleines de sensualité et de traîtres, Francesca va se battre contre ses propres démons pour déjouer un complot visant à détruire les Borgia, à s'emparer du contrôle de la chrétienté et à plonger pour toujours le monde dans les ténèbres.

MON AVIS SUR LE LIVRE


Souvenez-vous, il n’y a pas si longtemps, je vous disiez avoir adoré Francesca, empoisonneuse à la cour des Borgia, tome 1 de la saga Poison Mysteries de Sara Poole. Je vous en avais d’ailleurs fait une critique plutôt élogieuse, en mettant en avant la dimension historique du roman, ainsi que son intrigue très bien ficelée et plausible, qui m’avaient particulièrement séduite. Francesca, la trahison des Borgia, le tome 2, suit cette même lignée, bien que légèrement en dessous à mon sens.

Un an s’est écoulé dans le récit entre la fin du premier et le début du deuxième opus, et nous retrouvons Francesca Giordano, occupant toujours le poste d’empoisonneuse pour le pape Alexandre VI. Elle est alors rongée par son désir de vengeance envers Morosini, le prêtre fou à figure d’ange qui a assassiné son père et qui œuvre en secret pour faire tomber Borgia.

Une histoire bourrée de complots machiavéliques, de coups bas, d’intrigues enchevêtrées qui nous montrent l’ère de la Renaissance à son apogée. La Rome de la fin du XVe siècle est des plus corrompues, et doit probablement figurer parmi les endroits les moins surs du monde à l’époque. Une atmosphère tendue donc, où une épée de Damoclès semble constamment sévir au dessus des têtes de nos personnages, et particulièrement sur celle de Francesca.

Francesca vit dans la peur et l’attente, on la retrouve plutôt usée par la vie, bien qu’elle ne soit âgée que d’à peine vingt ans. Son travail lui prend énormément de temps, d’autant que protéger Rodrigo Borgia d’éventuels empoisonnements, n’est pas de tout repos étant donne le nombre grandissant d’ennemis qu’il semble se créer. Elle doit également faire avec son désir de vengeance envers le prête Morosini, une obsession qui l’empêche de dormir sur ces deux oreilles, davantage encore lorsqu’on commence à vouloir attenter à sa vie, comme c’est le cas dans ce tome 2. Puis enfin, elle doit lutter contre ses propres démons, où du moins vivre avec. Elle est persuadée d’avoir l’âme noire et corrompue, elle sait qu’elle est prédestinée à l’Enfer, et de ce fait, elle s’interdit l’accès au bonheur.

Vous l’aurez compris, dans ce volume-ci, le personnage de Francesca est beaucoup plus sombre que dans le premier, plus le temps passe, plus ses mains semblent se salir, et pour la jeune fille, c’est une processus irréversible. La fatalité, en ce qui concerne sa propre personne du moins, est un très de caractère assez dominant chez elle, et pour ma part, j’en ai été lassée au cours de ma lecture, néanmoins, cela fait partie d’elle et lui offre différents centres d’intérêt. Elle se concentre purement à son enquête pour retrouver et neutraliser le prêtre fou, au lieu de s’épancher sur sa vie sentimentale, ce qui est plutôt appréciable.

Son ingéniosité fait également d’elle un personnage intéressant. Elle a beaucoup de ressource, ainsi qu’un cerveau dont elle sait parfaitement se servir. Elle est déterminée et est prête à utiliser tous les moyens qui lui permettront d’arriver à ses fins. Elle est aussi douée pour créer des alliances, notamment avec le peuple juif dont elle se fait beaucoup aidé dans ce tome. Nous soulignerons aussi l’implication de la fameuse société secrète « Lux » qu’elle a intégré entre le tome 1 et 2 et dont on apprend davantage dans La trahison des Borgia.
Le personnage de César est également beaucoup plus présent dans ce deuxième opus, et si il m’avait plutôt déplu dans Francesca, empoisonneuse à la cour des Borgia, si je l’avais trouvé trop arrogant pour être appréciable, ici j’ai aimé découvrir d’autres facettes de sa personnalité. Nous sommes à la fois témoin de sa force et de sa vulnérabilité, on le découvre sous tous ses angles et j’ai du revoir mon jugement à son égard. J’ai hâte de voir comment il va évoluer dans le troisième volume.

Borgia, le pape Alexandre VI, est au contraire plus effacé dans ce tome-ci. Les affaires papales, et notamment le choix crucial qu’il doit prendre au sujet du Nouveau Monde qui vient d’être découvert, lui laisse peu de place pour intervenir dans l’intrigue et venir en aide à Francesca, autrement qui financièrement. Ce retrait, néanmoins, est justifié, et ne dérange pas plus que cela dans l’histoire.

Un roman une nouvelle fois très chargée, riche en rebondissements, et bien que j’ai trouvé l’intrigue un peu longuette vers le milieu du livre, le dénouement m’a entièrement conquise. Toutefois, je ne peux m’empêcher d’y voir comme une roue sans fin, et me demande jusqu’où l’auteure va encore nous faire languir. À voir dans le tome 3, Francesca, maitresse des Borgia qui sortira en Novembre aux Editions MA.

ON ADORE : L’univers, le contexte historique, l’ingéniosité du personnage principale et sa faculté à pouvoir se sortir de situations perdues d’avance, la plume de l’auteure.
ON REGRETTE : Une intrigue un brin longuette sur ce tome-ci.


dimanche 15 juillet 2012

Lili bouquine : Coeur Rebelle de Victoria Dahl

Titre en VO :A little bit wild
Editeurs :Milady Romance
Site de l’auteur :
http://www.victoriadahl.com/

Ma note : 5/10
Quatrième de couverture : Une histoire d’amour sensuelle et passionnée.
Marissa doit se fiancer pour éviter le déshonneur. Jude Bertrand, un homme mystérieux à la réputation sulfureuse, se propose de l’épouser. Il n’est pas du goût de la jeune fille qui le trouve laid ; et surtout, impossible de le mener par le bout du nez : c’est un fauve rusé, une force de la nature. Jude, quant à lui, a très bien cerné Marissa et il est peut-être le seul à l’aimer vraiment pour ce qu’elle est : un coeur rebelle, comme le sien. La jeune femme finira-t-elle par accepter ce mariage ?

MON AVIS SUR LE LIVRE


Cœur Rebelle de Victoria Dahl est le premier roman de Milady Romance que je lis, et je dois dire que cette lecture m’a plutôt convaincue pour poursuivre dans cette voix, notamment en ce qui concerne leur sous collection « Pemberley », qui, comme vous devez le savoir, regroupe un choix intéressant de romances historiques. J’ai en effet passé un agréable moment avec ce livre, une histoire fluide qui se dévore sans faim, néanmoins il est loin de figurer dans mon top ten.

Un contexte historique malheureusement trop peu exploité. Le roman aurait pu se situé à n'importe qu'elle époque (antérieur à la notre cela dit), cela n'aurait pas changé grand chose.

Les personnages sont sympathiques mais ne débordent vraiment pas d’originalité. J’ai retrouvé un peu trop de clichés dans cette histoire. Notamment en ce qui concerne la liaison principale, soit celle entre Marissa et Jude.

D’un côté nous avons une jeune fille un brin futile et superficielle, un peu dans le genre de Lydia (Orgueil et Préjugés de Jane Austen), en moins sotte peut-être, et qui possède, comme le titre l’indique, un cœur rebelle. Au grand damne de ses frères d’ailleurs, qui, dans cette histoire, suent eau et sang pour préserver l’intégrité de leur jeune sœur, et ainsi laver sa réputation. De l’autre, nous avons Jude Bertrand, l’homme qui, en temps normal, n’aurait jamais attiré le regard de notre jeune frivole. C’est un personnage massif, aux trait peu élégants et qui de prime abord peu paraître un peu rustre. Il a beau être le fils illégitime mais toutefois reconnu d’un marquis, tout le monde sait qu’il est également le fils d’une courtisane. Et cette ombre sur son personnage, Marissa a beaucoup de mal à l'accepter. Il impose le respect néanmoins, de par sa carrure et ses actes de bravoure. Il est également plutôt intelligent, et parvint à se faire une idée très clair – et souvent très juste – des gens en un seul regard. C’est cet homme là qui va défaire tout les principes de notre chère Marissa, et lui apprendre, en somme, ce qu’est la vie.

Vous conviendrez que les personnages, et principalement leur relation – deux être que tout oppose qui vont apprendre petit à petit à s’apprivoiser l’un, l’autre –, manque cruellement d’inventivité, ni même de réelle spontanéité. En effet, je n’ai jamais été vraiment surprise par ce roman. Ni par les actes des personnages, ni réellement par l’intrigue elle-même. C’est une lecture qui suit son cours, sans trop de complications. Mais si il n’y a rien de vraiment transcendant ici, cela reste tout de même relativement agréable. Une bonne lecture de détente, mais rien de plus.

ON ADORE : Le personnage de Jude.
ON REGRETTE : Le manque d’originalité


mardi 15 mai 2012

Lili bouquine : Rani de Jean Van Hamme

Titre en VO : Rani
Editeurs : Michel Lafon
Site de l’auteur :
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Ma note : 5/10
Quatrième de couverture : 1743. Amoureuse d’un bel officier anglais, une jeune noble française, Jolanne de Valcourt, abominablement trahie par son demi-frère Philippe, est accusée à tort de meurtre et de trahison. Après avoir été marquée au fer rouge de la fleur de lys, elle est condamnée à la déportation en Inde. Prostituée de force dans un bordel du comptoir de Mahé, Jolanne parvient néanmoins à s’évader. Elle manque de périr dans un naufrage mais est recueillie dans un village de pauvres pêcheurs indiens. Elle atteint finalement Pondichéry où elle se met sous la protection de la « princesse » Jeanne, la très charismatique épouse de Joseph-François Dupleix, gouverneur des cinq comptoirs français. Jusqu’au jour où Jolanne rencontre le séduisant Mishra Din Aktar, prince héritier et futur maharadjah de Chandrapur, qui fera d’elle sa troisième rani, sa troisième épouse... Au sein de ce palais doré, la jeune femme parviendra-t-elle à trouver sa place ? À surmonter la jalousie des autres épouses et, surtout, à oublier Craig, son bel officier anglais ?

MON AVIS SUR LE LIVRE


Jean Van Hamme, scénariste (BD et film), connu pour ses succès Largo Winch, XIII, Blake et Mortimer ou encore Thorgal, nous offre ici l’histoire de Rani, préalablement destinée à la télévision (série en huit épisodes diffusée sur France 2) puis adaptée en BD (les 2 premiers tomes sont déjà parus aux Editions Le Lombard) ainsi qu’en roman. C’est du roman dont je vais vous parler aujourd’hui. Une œuvre de 439 pages qui rentrasse le parcours époustouflant de la jeune Jolanne de Valcourt en quête de justice. La jeune française, fille morganatique d’un Marquis périgourdin, est abominablement trahie par son demi-frère, Philippe, et accusée des crimes qu’il a lui même commis.

Jolanne de Valcourt est une jeune femme passionnée, tant sur le plan physique qu’intellectuel. Elle déborde de vitalité et n’a jamais froid aux yeux. C’est une figure forte, elle se détache sur un fond social strict qui voulait que les femmes demeurent soumises aux hommes. Jolanne, elle, est une femme libre et revendique fougueusement ce statut tout au long de son aventure. Qu’elle soit enrôlée dans une troupe de brigands, ou bien prostituée dans une maison de plaisir à Mahé, ou encore rani de Sandrapur, la jeune française garde sa force de caractère et son désir de liberté. C’est une battante, car elle n’aura de cesse que lorsqu’elle sera parvenue à prouver aux puissants qui la condamnent l’injustice dont elle est victime. Jolanne sait aussi se battre à l’épée, elle manie également l’arc avec beaucoup de finesse et monte à cheval comme un homme. En clair, une héroïne haute en couleurs comme on les aime.

Une aventure assez rythmée, et riche en rebondissements que nous sert là Jean Van Hamme. Les éléments s’enchaînent très rapidement, on pourrait d’ailleurs qualifier ce livre de page turner, un livre dont les pages se tournent presque d’elles-mêmes. Sur ce point là, il n’y a rien à redire, si ce n’est que certaines péripéties peuvent parfois nous paraître invraisemblables, mais comme le dit Van Hamme lui-même, cela fait partie de la fiction. Cela ajoute une part de rêve au récit, dans la mesure du raisonnable, bien sûr.

L’invraisemblance ne s’arrête d’ailleurs pas là, car Van Hamme choisit aussi de truffer ses méchants des pires défauts qu’on puisse imaginer, il pousse leurs personnages jusqu’au bout, ainsi ils sont exécrables au possible. Notamment Philippe de Valcourt qui n’a vraiment rien pour lui. Il est vaniteux, cupide, mauvais, malhonnête, menteur, perfide, méprisant, raciste, misogyne, violent…en clair tout ce qui fait un méchant digne de ce nom. Il n’y a aucune demi-mesure. Tout est noir ou tout est blanc, il n’y a pas d’entre deux chez Van Hamme. Et ce procédé peut être à double tranchant, car d’un côté, il nous rallie à la cause de Jolanne, son héroïne, on déteste avec elle son abominable demi-frère, et de l’autre, il tombe rapidement dans la caricature. Ici, malheureusement, s’il parvient à créer chez le lecteur une certaine animosité envers Philippe, il n’échappe cependant pas aux clichés. Dommage.

D’autant que le style qu’il emploie ici, étant beaucoup trop plat et dénué de la moindre émotion, nous empêche de créer de l’intimité avec son héroïne. Ainsi, son contraste entre Jolanne et son frère Philippe n’a pas l’effet escompté. La froideur de l’écriture de Van Hamme s’explique par le fait qu’il s’agisse ici de la retranscription d’un script au départ prévu pour la télévision, les dialogues sont repris mot pour mot et l’auteur ne s’attarde pas en longues descriptions, ce qui manque un peu parfois. De plus, et c’est voulu, la plume du scénariste est trop moderne pour l’époque, et pas seulement dans les dialogues. On ne se sent pas vraiment au XVIIIeme siècle, sans rendre pour autant les dialogues pompeux et utiliser l’imparfait du subjonctif, Van Hamme aurait pu un minimum adapter sa plume à l’époque de Rani, ne serait-ce que dans le récit du moins. Cela ôte, à mon sens, tout le charme de l’histoire.

Enfin, je m’interroge sur le choix du titre : Rani. Une rani est l’épouse d’un maharaja, et si, effectivement, Jolanne devient à un moment donné une rani dans cette histoire, ce n’est absolument pas le sujet de base du roman. C’est d’avantage le combat d’une femme, injustement accusée par son pays d’être une traître, doublée d’une meurtrière, plutôt que le destin d’une femme de maharaja. Une question qui, visiblement, demeurera sans réponse.

En clair, c’est un roman détente, sans prise de tête, mais qui manque cruellement de contenu, car en dehors des multiples rebondissements, des coups d’épée et autres pirouettes, l’auteur ne laisse pas passer beaucoup d’émotion dans son écriture et c’est bien dommage. Je conseille davantage la série télévisée, ou la BD, peut-être, plutôt que le livre, même si, toutefois, j’ai passé un bon moment avec ce roman.

ON ADORE : L’aventure de Jolanne et le rêve qu’elle engendre.
ON REGRETTE : La plume un peu froide de l’auteur, un manque de vraisemblance, une caricature, parfois trop poussée, des personnages.


mardi 8 mai 2012

Lili bouquine : Francesca empoisonneuse à la cour de Borgia, de Sara Poole

Titre en VO : Posion : a novel of the Renaissance
Editeurs : MA Editions
Site du livre/de l’auteur :http://www.sarapoole.com/blog1/
Ma note : 10/10
Quatrième de couverture : Rome, été 1492. Dans les entrailles de la ville éternelle, le mal s’est réveillé. Le meurtre brutal d’un alchimiste va déclencher une course désespérée pour mettre au jour un complot visant à éteindre la lumière de la Renaissance pour replonger l’Europe entière dans les ténèbres moyenâgeuses. Déterminée à venger l’assassinat de son père, Francesca Giordano défie toutes les convenances en s’octroyant la charge d’empoisonneuse au service de Rodrigo Borgia, l’homme à la tête de la plus célèbre et la plus dangereuse famille d’Italie. Elle devient la confidente de Lucrèce Borgia et l’amante de César Borgia. En démêlant l’écheveau de la traîtrise et de la duperie, Francesca se lance à la poursuite du meurtrier de son père, allant des tréfonds du ghetto juif de Rome au sommet de la chrétienté elle-même, le Vatican. Sans le savoir, elle va ainsi provoquer l’ultime confrontation entre des forces immémoriales prêtes à utiliser ses désirs les plus enfouis pour accomplir leurs noirs desseins.

MON AVIS SUR LE LIVRE



Depuis Décembre 2011, ce livre flirte avec moi à chaque fois que je passe devant une librairie et je me suis enfin décidée à l’acheter, puis à le lire ! Et sachez que je ne suis pas déçue ! Quelle histoire, mes amis, mais quelle histoire ! Un véritable tourbillon dans lequel on se laisse entrainer avec délectation. Un univers bien fourni, sublimé par la plume délicate et savoureuse de Sara Poole. Une perle venue directement de la Renaissance !

Le contexte historique, ici, est superbement exploité, et c’est d’ailleurs l’un des gros points forts de ce livre. Sara Poole a su se documenter correctement et cela se ressent à travers les pages de son livre. C’est vraiment très agréable d’apprendre tout en lisant, car je peux vous assurer qu’avec Francesca empoisonneuse à la cour de Borgia vous approfondirez vos connaissances sur l’époque de la Renaissance, et ce à chacun des chapitres que vous propose Sara. Que ce soit à propos d’événements historiques, des uses et coutumes des gens de l’époque, de la mode vestimentaire, des relations homme/femme, de la médecine, du fonctionnement de l’Eglise – mode de vie des cardinaux, les libertés qu’ils prenaient, l’élection d’un pape etc. –, de l’architecture – notamment avec la chapelle Sixtine, tout juste construite à l’époque du roman, ou bien la basilique Saint Pierre, la première, avant la démolition et la reconstruction de celle qu’on connaît aujourd’hui – et d’autres éléments divers, Sara Poole nous fait nous sentir à la Renaissance. On baigne intégralement dans cette Rome corrompue, bien qu’artistiquement et intellectuellement très productive, du XVIeme (fin XV, plus exactement au début de cette histoire) et cette trempette franchement agréable ! Je n’hésiterai pas à plonger la tête la première dans le second tome, Francesca et la trahison des Borgia déjà publié chez MA éditions.

Des personnages attachants et intéressants. En premier lieu nous avons Francesca, notre narratrice, dix-neuf ans et déjà une femme à part entière. Responsable, volontaire, ambitieuse et incroyablement courageuse. La jeune empoisonneuse – qui, en forçant un peu le destin, succède à son père, empoisonneur officiel de Rodrigo Borgia – ne recule devant rien et tente le tout pour le tout pour arriver à ses fins. Malgré son métier, qui consiste à assassiner par empoisonnement ceux qu’on lui ordonne de tuer, Francesca reste une personne juste et rechigne à donner la mort lorsqu’elle n’a pas de véritable motivation (comme venger la mort de son père, ou sauver le peuple juif de l’extermination), elle n’est pas sans compassion et ne fera jamais de mal à un innocent. Tuer pour elle n’est pas sans conséquence, elle le sait et elle l’accepte, elle ne croit pas que l’absolution que peut lui fournir Borgia suffira à sauver son âme des flammes de l’Enfer, mais ne laisse pas sa peur de l’au-delà la dominer. Ainsi, on peut voir qu’elle possède énormément de volonté et c’est ce qui fait qu’on l’apprécie. À juste titre. C’est une véritable héroïne qui au lieu de se laisser envahir par ses défauts, sait les exploiter. Elle est intelligente, réfléchie et possède un savoir important sur l’art de potion et la botanique. C’est grâce à elle qu’on en apprend plus à ce sujet, car, sans pour autant nous fournir un manuel détaillé, elle nous parle de diverses plantes et ingrédients et de leur effet sur le corps humain. C’est très enrichissant, et pour ma part, j’ai trouvé ça passionnant.
On a aussi le personnage de Rocco, qui, comme Francesca, exerce un métier fascinant. Etant souffleur de verre, Francesca va le voir pour obtenir des bouteilles et ustensiles nécessaires à ses préparations, mais avant cela, Rocco était un ami de son père et celui de la jeune femme par la même occasion. On dénote, bien sûr, beaucoup de tendresse entre les deux personnages, et on espère bien évidemment qu’ils finiront ensembles. Rocco est un personnage intriguant, on sait au final peu de choses sur lui – bien que la fin laisse présumer qu’il n’en sera pas de même dans le tome 2 – mais néanmoins il est assez attachant. C’est un homme foncièrement gentil, doux, peu enclin au jugement – il semble très tolérant envers les juifs notamment –, responsable (veuf, il doit élever seul son enfant de dix ans) et talentueux. Son métier de souffleur de verre est décrit avec une telle poésie qu’il fait de lui une sorte de magicien, et donne à son personnage un caractère mystique et mystérieux. Etant également un ancien moine, et de part son métier d’artisan, il a possède beaucoup de relation et ainsi aidera Francesca dans ses diverses enquêtes.
J’aime beaucoup David Ben Eliezer aussi, un rebelle juif qui a la niaque et qui donnera tout le meilleur de lui même pour sortir son peuple, retranché dans un ghetto, de la misère. C’est un battant, il est fougueux, téméraire et s’il s’efface un peu trop à mon goût dans la seconde partie du livre, il est néanmoins d’une grande aide à Francesca dans la première. De plus, je doute que nous ayons fini d’entendre parler de lui. Il est, à mon sens, l’un des rivales de Rocco dans le cœur de notre héroïne, même si cette dernière ne le sait pas encore…
Sofia, la soigneuse juive, mérite également qu’on lui consacre un paragraphe. C’est une vieille femme, veuve, qui s’occupe d’un dispensaire au sein du ghetto juif de Rome. Elle possède un certain caractère, et c’est probablement ce qui lui permet de tenir au centre de toute cette misère qu’elle voit passer chaque jour dans son cabinet. C’est elle qui s’entremet entre David et Francesca en premier lieu, et qui les mènera à agir main dans la main.
Nous avons aussi Vittorio Romano, capitaine de la garde de Borgia, un homme au départ très froid, distant, bien qu’attentionné envers Francesca – qui pourrait être sa fille – se révèle être tolérant et profondément humain. Toujours là pour tirer Francesca du pétrin dans lequel elle se met, il est aussi bien conscient des risques qu’il prend pour servir Borgia. Il ferme les yeux sur beaucoup de choses, mais n’en devient pas pourtant, comme on pourrait s’y attendre, une brute épaisse qui ne fait qu’exécuter des ordres.
Quant à Rodrigo Borgia, bien qu’il demeure dans l’ombre du personnage de Francesca puisque c’est elle qui mène toute l’intrigue, n’est pas pour autant relayé au plan de personnage secondaire. C’est tout de même au sein de sa cour que tout se déroule, et l’on assiste ici à son ascension sur le trône de Saint Pierre. On remarquera à quel point il est perverti, bien moins pieux que la majorité de ses ouailles, il s’adonne à tous les plaisirs de la vie et sans la moindre retenu. On découvre qu’il est capable de tout, même du pire, pour parvenir jusqu’à ses fins. C’est un personnage dangereux, mieux vos figurer parmi ses amis. Pourtant, envers Francesca il se montre protecteur, et nous apparaît presque – j’ai bien dit presque – sympathique.
Il reste une foule d’autres personnages encore, mais j’ai peur de trop vous en révéler si je vous les présente maintenant. Sachez néanmoins qu’ils sont, comme ceux dont je vous ai fait le portrait plus haut, très complet et mérite qu’on s’attarde sur eux. Ne serrait-ce de par leur complexité.

Passons à l’intrigue maintenant, ou plutôt la double intrigue, car oui, il ya bien deux intrigues, distinctes mais pourtant très liées, qui rythment le roman. Je ne peux pas trop vous en dire, de peur de vous spoiler, mais sachez cependant que l’on ne s’ennuie pas. Il y a sans cesse des rebondissements, et le récit ne s’essouffle jamais. La perspective d’un second tome mouvementé se dessine également à la toute fin du roman et ça, on aime ! S’il y avait cependant un reproche à faire, ce serait au niveau de la seconde intrigue où il y a, peut-être, un brin de prévisibilité. Rien de bien méchant rassurez-vous, cela ne gâche en rien l’histoire et ne nous empêche pas d’être pris corps et âme dans la vague tumultueuse que nous propose ici Sara Poole avec Francesca empoisonneuse à la cour de Borgia. Un livre que je vous recommande chaudement !

Une dernière chose : pour ceux qui hésite à ce procurer le tome à cause du côté historique du roman, n’ayez crainte, rien de plombant ici, cela passe tout seul, la plume de Sara Poole est comme le morceau de sucre qui aide la médecine à couler, alors foncez !!

ON ADORE : L’univers, le contexte historique fourni et bien documenté, la double intrigue, les personnages
ON REGRETTE : rien.